mercredi 28 octobre 2015

En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Documentaires de Imamura Shohei



Grâce à un ami, j'ai pu visionner les documentaires d'Imamura Shohei "En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus"....未帰還兵を追って (mikikanhei wo otte)

Le DVD1*, distribué par Baba Yaga films, contient les documentaires suivants :
- En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Malaisie N°1 (1971) ;
- En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Thaïlande N°2 (1971) ;
- La brute revient au pays natal (1973).



A l'époque, ces documentaires ont un ton bien différent de ce qui pourrait être tourné aujourd'hui dans l'archipel et le premier commence en établissant clairement la responsabilité du Japon dans la seconde guerre mondiale.
D'un point de vue de technique documentaire : la caméra saute et oscille. Cela peut-être la qualité des stabilisateurs de l'époque.

On peut parfois se demander si l'obsession de certaines émissions de variété japonaises à chercher des compatriotes dans le monde entier pour savoir ce qu'ils sont devenus, serait venu de ces documentaires d'Imamura Shohei.

Dans ces émissions de variété moderne, le ton est léger et là pour renforcer deux messages : qu'il est bon d'être au Japon par rapport à la vie difficile à l'étranger et mettre en exemplarité les vertus japonaises dans un contexte extérieur.

Quant à Imamura, la démarche est à l'époque plus forte, dérangeante, même. En effet dans une société de la communication non verbale et du consensus, à une époque où les japonais souhaitaient effacer une partie de leur passé, le réalisateur met les pieds dans le plat, pour réactiver une forme de mémoire.... C'est que l'époque est contestataire (la jeunesse se révolte, refuse l'alliance avec les USA, est contre la guerre du Viet Nam...) et Imamumra cherche à comprendre et faire comprendre ce passé guerrier du Japon. Le mettre en contexte : il va donc chercher ces soldats non rentrés au Japon, ceux qui n'ont pas subi l'évolution de ce pays.

Le réalisateur se fait le témoin direct dans ce documentaire : il apparaît à l'écran. Et n'hésite pas à faire un tour dans les clubs louches pour trouver la veuve d'un ancien soldat japonais dans le premier documentaire (N°1 - La Malaisie).

Au détour de ses recherches il arrive à interviewer plusieurs personnes dont un ancien militaire converti à l'islam en Malaisie, qui s'interroge sur la pertinence du pouvoir au Japon, le sens de la guerre passée, de l'endoctrinement. Ainsi le documentaire est traversé de thèmes de science politiques (des thèmes que l'on ne verrait pas de nos jours).

Imamura poursuit son travail avec le deuxième documentaire et part avec son équipe en Thaïlande pour "interroger des soldats japonais non-rapatriés, au sujet de leurs expériences, pour appréhender cette guerre, trop souvent oubliée en temps de paix, dans sa réalité et dans toute son horreur."



Et naturellement, cette vérité que l'on croit tue, apparaît naturellement de la bouche de ces anciens soldats - de gré ou de force - et leurs souffrances. Dans l'alcool, les esprits s'échauffent, les démons resurgissent du passé. Les officiers et leurs folies. Les horreurs. Celles qui ont été vues. Ou commises.  Et parfois les soldats sont également leurs pires ennemis dans leur sauvagerie. Certains propos font froid dans le dos et d'autres redonnent foi en l'humanité.



L'un est prêt à reprendre les armes, l'autre ne parle plus que thaïlandais. Par choix ? De la bouche du troisième la conscience, le refus d'exécuter l'inhumain : "les ordres il faut réfléchir avant de les exécuter".
"Vous pouvez êtres ouvriers ou paysans, mais vivez comme des hommes. Les plus grands hommes ne sont pas forcément des premiers ministres. Les plus braves sont ceux qui ont vécu humainement" disait son professeur.

On parle de l'empereur : l'un n'a pas assez de mots (négatifs) pour dire ce qu'il en pense et l'autre a toujours celui-ci dans son coeur.

Dans le troisième documentaire "la brute revient au pays natal", Imamura fait rentrer l'un des anciens soldats au Japon, pour le confronter à la société, son évolution et ses oublis : la "brute" rentre au pays et reprend contact avec sa famille. Il découvre pourquoi et par qui il a été déclaré mort. Des frictions naissent : les anciens soldats n'ont plus leur place dans le Japon moderne des années 70 et sa course à la prospérité.





Au final, en suivant ces soldats qui ne sont pas revenus : des documents "claque dans la gueule", salutaires qui interrogent un Japon pas si monolithique que cela.


*Le DVD2 sera chroniqué séparément ou cette chronique sera mise à jour ultérieurement.

mercredi 21 octobre 2015

Shigatsu ha kimi no uso - ton mensonge en avril (2014-2015)



Shigatsu ha kimi no uso est une série animée en 22 épisodes réalisée par Kyôhei ISHIGURO, au sein du studio A-1 Pictures (le même que Aldnoah Zero, chroniqué précédemment) et basée sur un manga de Naoshi ARAKAWA. Elle comporte ainsi un style graphique assez similaire.


ARIMA Kôsei, enfant doué au piano, perd le goût de jouer à cet instrument à la mort de sa mère.Quelques années plus tard, il va faire la rencontre de Kaori, une violoniste qui va lui permettre de reprendre goût à la musique et ainsi redonner un sens à sa vie.

Nous faisons progressivement la connaissance de Kôsei et de son intimité, avec ses blessures, face à Kaori qui le pousse à sortir de sa coquille et reprendre plaisir à la musique. Tout cela, sous le regard de Tsubaki, amie d'enfance de Kôsei, qui souffre de l'inclination du garçon pour Kaori. C'est qu'elle ne fait pas de musique et ne se sent pas de taille.

Shigatus ha kimi no uso est un joli mélodrame au rythme progressif. Il y a quelque chose de touchant à suivre ces relations amoureuses croisées et à fleurs de peau. 


Les dialogues [en japonais], parfois magnifiques, apportent un côté poétique à l'histoire. Ils sont cependant un peu surprenant, venant de la "bouche d'adolescents".
  Une attention particulière est portée à la musique dans shigatsu : les scènes de concerts ou répétitions ont été confiée à des musiciens professionnels. D'autre part, la musique d'anime, composée par Masaru Yokoyama est de qualité.

Alors pour qui ? Pour les amateurs de jolies choses et de belles musiques.

lundi 19 octobre 2015

Aldnoah.zero réalisé par Ei AOKI


J'ai longtemps cherché un animé de Mécha qui soit du niveau de Macross (au moins les premières séries), autant pour le character design des véhicules que par les thématiques ou le background avant de trouver ce fameux Aldnoah.Zero, réalisé par Ei AOKI au sein des studios A-1 Pictures et TROYCA, sur un scénario de Gen UROBUCHI et Katsuhiko TAKAYAMA. Aldnoah.Zero est constitué de 2 saisons de 12 épisodes chacune.


Synopsis (wiki - contient des spoilers)  : Dans un présent alternatif, les Humains se sont séparés à la suite de la découverte sur la Lune d'un portail menant vers Mars par Apollo 17. Ceux qui ont quitté la Terre forment l'Empire de Vers, une société très avancée technologiquement grâce à la découverte d'une nouvelle forme d'énergie (l'Aldnoah) mais proche de la guerre civile. En effet, la planète rouge manque de toutes les ressources vitales et les inégalités se creusent entre la classe dominante et la classe ouvrière. Une courte guerre en 1999 entre la Terre et Mars éclate, conduisant à la destruction d'une grande partie de la Lune, ces débris causant de très importants dégâts à la surface de la Terre.
De plus, l'Empereur est extrêmement affaibli par la vieillesse et délaisse toute la gestion de la planète. Profitant de sa faiblesse, les Chevaliers Orbitaux nouent des alliances et attendent la moindre occasion pour attaquer la Terre, riche en ressources.
En 2014, la jeune princesse héritière, Asseylum Vers Allusia, est malgré tout déterminée à apaiser les relations entre les deux planètes. Ignorante des alliances qui se jouent autour d'elle, elle sollicite le Comte Cruhteo pour se rendre sur la planète bleue. Malheureusement, dans un climat de haute tension, un attentat est commis durant la visite diplomatique de la jeune fille. Il n'en fallait pas moins pour attiser la colère des Chevaliers Orbitaux qui annoncent l'entrée en guerre de Mars contre la Terre...

Commençons d'abord par ce qui fâche :
si j'ai mis un an avant de me mettre à cette série, c'est avant tout par le character design des personnages mignon (genre plus poétique, avec un look "soshokudanshi" pour les jeunes garçons) sans doute plus adéquat dans un dessin animé contemporain et un peu poétique (ou tendant vers le Moe) mais moins dans un genre plus SF et dramatique tel que le mecha.

N'est il pas mignon le héros (lol) 

Vous remarquerez sur l'image ci-dessus, le 2e point qui m'a irrité au début et concerne le character design : l'espèce de cercle au bol que l'on retrouve sur tous les cheveux de tous les personnages...

Le côté mignon est accentué par quelques petits clins d’œils qui irriteront certains ou seront appréciés par d'autres comme la jeune recrue incorporée qui préfère porter sa marinière que l'uniforme (saison 2), etc... Cela a le mérite de rendre un peu plus léger un propos grave... ou d'en amoindrir la portée ?

Laissons un peu le côté esthétique pour le point négatif de l'histoire : les péripéties que surmontent les héros. Le sort de la Terre semble ne tenir qu'à un fil, celui du génie d'Inaho... Ce qui rend les choses parfois un peu artificielles.

Le dernier reproche sera sans doute tourné vers le fait que certains personnages ne sont sans doute pas assez développés. Malgré tout cela, cette série possède pourtant de nombreuses qualités pour lesquelles il serait dommage de passer à côté

Un univers très intéressant :
Les auteurs placent Aldnoah dans une uchronie (divergence historique) d'un univers parallèle (traces d'aliens disparus sur la lune et Mars) : à la suite de la découverte sur la Lune d'un portail extra terrestre menant vers Mars par Apollo 17, les humains se sont séparés en deux branches, une terrienne et une martienne. 

On ne sait comment, un homme a trouvé le moyen, par sa séquence génétique, d'allumer les sources d'énergie Aldnoah. Et depuis il est devenu empereur, transmettant ce pouvoir à sa guise à ses barons. Mars, rebaptisée Vers (du nom que donnaient les anciens martiens à leur planète), est devenue une féodalité, élément de l'histoire permettant aux auteurs d'opérer une analyse -certes simplifiée - du pouvoir et des systèmes, des limites de la liberté dans une société.

Le caractère fascinant du héros :
Si les badass, anti héros, etc, sont toujours intéressants, l'archétype du héros rationnel et savant, concentré sur son objectif en professionnel, est assez rare et réjouissant. Le jeune Inaho est tout cela à la fois, une sorte d'autiste léger de génie, entièrement tendu vers la survie, avec toutes ses capacités d'analyses. 

Par rapport à un héros classique, soumis à ses passions, le calme apparent dont fait preuve le héros dans chaque affrontement, rajoute une touche particulière, un contrepoint qui met en lumière ses adversaires, des antihéros par excellence, qui ont plus subi leur système que des hommes et femmes libres.

La psychologie de certains personnages est tout sauf archétypale :
Bien que tous les personnages ne gagnent pas en profondeur et que la deuxième saison se concentre plus sur certains personnages, les créateurs de la série nous ont donné quelques beaux caractères, tel que le très ambigu Slaine Troyard ou le personnage tragique de la demi sœur de la princesse.

Un design, une animation et des scènes d'actions réussies :
Le mecha design est sans doute une grande réussite de la série, distinguant fortement les méchas de la Terre (très "anguleux", inspirés des véhicules de notre époque) et les méchas de Mars (plus dans les arrondis, organiques). Cette distinction rappellera la première série Macross.




Alliance terrienne 
Mécha martien

Ce design est au service de scènes d'actions très cinématiques, dont les combats méchas sont les plus tactiques qui m'ont été permis de voir. C'est que les terriens sont surclassés technologiquement et donc, seule une connaissance de l'adversaire et l'exploitation des défauts des méchas martiens permet de les vaincre.

Au-delà, cette série semble porter au rang de parabole l'idée que la raison se doit de dépasser les passions, les guider et non se laisser mener par elles. Mais l'Homme nouveau, capable d'empêcher une guerre, se laisse attendre.

Alors pour qui ? Pour les fans de séries de méchas, certainement. Pour les fans de séries SF en animation japonaise avec plusieurs niveaux de lecture, sans aucun doute. Et pour les autres ? Laissez vous tenter.

A noter une excellente bande son pops composée par Hiroyuki SAWANO.




jeudi 8 octobre 2015

Everyday de Kiriko Nananan



Everyday (Kabocha to mayonnaise - potiron et mayonnaise) est un manga de Kiriko Nananan, publié en 2004 au Japon (2005 en France).

Biographie de l'auteur (source : édition française - Glénat)
Kiriko NANANAN, ce nom étrange cache l'un des visages les plus originaux de la bande dessinée des femmes au Japon. Depuis ses débuts avec Hole, dans la revue Garo en 1993, Kiriko Nananan aborde de l'intérieur les sentiments et la sexualité féminine. Son regard sur la jeunesse japonaise est d'une tendresse non dépourvue de cruauté, comme l'atteste le glaçant Heartless Bitch ou Blue, mélancolique page d'amour entre deux lycéennes. L'“intériorité” de ses récits s'accorde avec un dessin lisse et contrasté, et avec un découpage singulier, alternance de gros plans de visages, de silhouettes ou d'objets décadrés. L'expression “une sensibilité à fleur de peau” acquiert avec elle tout son sens.



L'auteure, nous raconte avec dessin intimiste et relativement dépouillé, l'histoire de la jeune Tsuchida, une fille sensible et paumée, perdue entre un ancien amour, Haigo et son petit ami actuel Sei. Le manga nous parle du quotidien et de ce que l'on peut faire par amour dans celui-ci. Un manga, presque un roman graphique d'une grande justesse.

mardi 2 juin 2015

Les films de la nostalgie japonaise Part II- Café Lumière de Hou Hsiao-hsien


 Synopsis : Yoko revient d'un séjour à Taïwan. La jeune femme visite une librairie à Jimbocho, le quartier des bouquinistes de Tokyo. C'est Hajime qui dirige la boutique. Ce garçon silencieux enregistre le bruit des trains qui traversent la ville.
Après le divorce de ses parents, Yoko avait été élevée par son oncle devenu aveugle, à Yubari, dans l'île d'Hokkaido, au nord du pays. Aujourd'hui, elle reprend contact avec son vrai père et sa nouvelle épouse.
Yoko fait une recherche sur le compositeur taïwanais Jiang Ewn-Ye, qui travailla un certain temps au Japon. Hajime aide Yoko dans ses travaux. Ils s'entendent bien et fréquentent ensemble les nombreux cafés de Tokyo...
C'est la fête d'Obon, Yoko est de retour chez son père. Elle lui annonce qu'elle est enceinte d'un Taïwanais et qu'elle souhaite garder l'enfant pour l'élever seule. Son père et sa belle-mère semblent inquiets...
Après une partie I (ici) et un bonus (), ce film rentrera dans mon challenge "spring-summer wars : la nostalgie nippone".

Café Lumière est un film réalisé en 2000. Sa particularité est d'avoir été réalisé au Japon en mémoire de Yasujiro Ozu pour le centenaire de sa naissance... Par un réalisateur  taiwanais, Hou Hsiao-hsien*.

Je l'ai vu dans les salles à l'époque, avec une amie japonaise, alors que je débutais l'apprentissage de cette langue ; et nous nous étions interrogés sur le lien avec Ozu. En un sens, le "fils spirituel" d'Ozu m'apparaît être Kore Eda Hirokazu, connu en occident bien plus tard.

Pour ce film de Hou Hsiao-hsien, nous nous demandions où se trouvait le lien avec l'esthétique toute japonaise, le resserrement avec le sujet lors des dialogues, les caméras tatamis (peut-être dans certains plans de Café Lumière, mais je ne suis pas un spécialiste), une histoire centrée sur une famille et un événement qui lui arrive. Et puis la vie continue...

Certaines réflexions prennent du temps et revoir ce film m'a rappelé le décalage entre l'appréciation de l'oeuvre d'Ozu que font les critiques de cinéma occidentaux et japonais. Quelque part Hou Hsiao-hsien a probablement une façon d'aborder "l'anti-cinéma" proche d'Ozu.


*****

Quant au film, il fut à l'époque déstabilisant (1) par son absence de vraie ligne dramatique : il s'éloigne ainsi des théories de Joseph Campbell et des recettes qui font l'intrigue d'un film grand public.

Nous découvrons le parcours de Yoko (HITOTO YÔ, chanteuse taiwano-japonaise) et hajime (ASANO Tadanobu, que l'on ne présente plus) pendant quelques instants de grâce, sans que quoique ce soit ne soit accompli. Le réalisateur inclut d'ailleurs dans le film une longue scène finale où nous suivons nos deux personnages sans aucune parole. Rien n'est achevé et tout est encore à faire.

Quant à moi, j'ai apprécié ce film calme et légèrement hors norme, qui a su saisir une atmosphère particulière du Japon. Ainsi du regard sur un des rares tramways tokyoites qui restent (toden-arakawa). Celui-ci dessert un quartier resté très populaire (Minowa). Ou alors de certaines scènes qui rentrent dans l'intimité - sans voyeurisme - de la cellule familiale.
 

* A l'exception de ce film, j'ignore tout de son oeuvre

(1) Certains spectateurs quittèrent d'ailleurs la salle en cours de route sans y trouver leur compte. Un ami qui avait vu le film l'appréciait beaucoup dans ces termes "c'est génial ! Il n'y s'y passe rien".

vendredi 15 mai 2015

Yomigaeru sora (2006)



Yomigaeru sora (littéralement, "le retour à la vie du ciel". J'opterais pour "Le ciel salvateur" avec le double sens apporté par la série. Titre anglais : "Rescue Wing") est une série en 12 épisodes, produite par JC STAFF et diffusée en 2006 sur TV Tokyo.

Yomigaeru sora suit le quotidien d'une unité d'hélicoptères de sauvetage des forces d'autodéfense japonaise, laquelle apporte son concours autant aux accidents dans la société civile (victimes de tremblements de terre, d'avalanches...) que lors d'une mission militaire (pilote de chasseur en perdition).

Le thème peut paraître étrange pour un dessin animé, mais celui-ci intervient dans un contexte de retour sur la scène internationale des forces militaires japonaises, vues comme nécessaires autant par le gouvernement américain (pour pouvoir déployer ses forces sur d'autres théâtres d'opérations) que par le Japon (qui doit faire face aux menaces de la Corée du Nord et de la Chine qui se ré-arme).

Ainsi cet anime prend plus l'apparence d'un reportage au long cours, réaliste et complet, sur ce genre d'unité, que d'une fiction (avec sa dose d'exagération) : les raisons de ce genre d'unités, les missions qu'elles peuvent rencontrer, le travail d'équipe, les relations avec la famille de ses membres, les causes qui peuvent amener à un accident, l'émotion des familles des victimes.

Tout cela est condensé dans une série de 12 épisodes, et c'est finalement bien peu pour développer les univers annexes, qui font le sel de ce genre de série. Tout au plus auront nous quelques personnages détaillés comme la famille du Sergent Hogo (bad ass, le obiwan du jeune héros) ou la petite amie du héros, Uchida Kazuhiro.

Le dessin et l'animation remplissent leur fonction par rapport aux enjeux de façon satisfaisante. 

Au final, et malgré le bémol mentionné ci-dessus, une série réaliste et condensée, qui va à l'essentiel.


PS : Le DVD contient un 13e épisode, non vu. La série animé a ensuite été adaptée en TV série japonaise (dorama) et en Manga si j'ai bien compris...

samedi 9 mai 2015

Les films de la nostalgie japonaise - Part I... Lost in translation


Lost in translation, film réalisé en 2003
par Sofia Coppola avec Bill Murray et Scarlett Johansson
[Avec des spoilers, pour qui n'aurait jamais vu le film]

Soumis à mes pulsions de nostalgie japonaise, j'ai revisionné une énième fois Lost in translation, de Sofia Coppola. Un film qui possède une certaine simplicité, dans l'histoire d'une rencontre de deux personnes en manque de repères dans leur vie intime :

Bob Harris (Bill Murray) est un acteur qui vient tourner une publicité au Japon. Il traverse une crise et se sent exclu de son couple où les enfants deviennent le centre. Charlotte (Scarlett Johansson), a suivi son mari photographe au Japon : elle a fait des études mais ne sait pas quoi faire de sa vie et ne reconnaît plus vraiment l'homme avec qui elle s'est mariée.


 A cette perte de repères intimes, s'ajoute une perte de repères géographiques, linguistiques et mentaux : ces deux là se retrouvent propulsés en dehors de leur volonté dans un pays sans avoir le temps de tenter de comprendre et intégrer cette nouvelle culture.

Leur rencontre et amitié apparaît donc naturelle et nous suivons leur appropriation de leur environnement et de leur histoire pendant le temps d'un film.




Il y a une certaine grâce dans Lost in translation, dont le Japon est à la fois accessoire (au vu de l'histoire, cela pourrait se passer dans n'importe quel pays exotique et étrange pour les USA) et à la fois l'objet d'une déclaration d'amour : cette sensation de pertes de repères, de glisser dans quelque chose qui vous enveloppe, accentué par un jet lag important*... cette vision de la modernité Tokyoite et de la tradition de Kyoto - image duale d’Épinal s'il en est... L'exubérance des nuits blanches de Tokyo... Un bref regard de divers aspects culturels tel que l'Ikebana...

La photographie du film en est pour beaucoup. Elle s'allie à une BO sans faute. Mention spéciale pour le morceau d'Air - Alone in Kyoto - ou la découverte de Kaze wo atsumete de Happy End.

Lost in translation c'est aussi une certaine parabole de la communication et de l'interprétation qu'est nécessairement une traduction, avec la zone grise des références culturelles.

Tous les rôles présents dans cette histoire sont excellents, et au premier titre Bill Murray ou Scarlett Johansson...

Nous pourrions mentionner probablement l'une des "premières incursions"** de la TV japonaise de variété à l'international avec la mise en scène de "Bob" dans une émission de Matthiew Minami (vrai présentateur japonais de variétés - Takashi Fuji)



Au final, Sofia Coppola a su faire ressortir des émotions partagées par les personnes familières du Japon. Et elle connaît le sujet, pour avoir été inspirée par plusieurs voyages dans ce pays.  Son choix de travailler avec la pellicule a sans doute accentué ce sentiment de nostalgie lié aux souvenirs.





A noter des bonus intéressants, dont ceux du tournage, dans le DVD classique.


* j'y ai retrouvé beaucoup de sensations lors de mes premiers voyages...
** sans doute avant les doublages et diffusions en France de Takeshi's Castle ou Sasuke (Ninja Warrior), par exemple...

lundi 20 avril 2015

Barakamon, série animée réalisée par Masaki Tachibana (2014)


Dans un état d'esprit de nostalgie japonaise (dont je vous parlais plutôt), je cherchais une série animée dans le même cahier des charges : basée sur la vie réelle et quotidienne, une fiction qui fait du bien au moral et ne comporte que peu voir pas du tout d'éléments SF ou fantastiques (magiques, etc...)

Sur la suggestion d'un ami j'ai découvert Barakamon, un dessin animé japonais avec pour héros principal, Seishu Handa, un jeune maître de calligraphie en pleine interrogation existentielle sur son art. Cette série de 12 épisodes, réalisée par Masaki TACHIBANA (diffusion au Japon entre 07 et 09 2014), est adaptée d'un manga de Satsuki YOSHINO en cours de publication depuis 2008.

Après avoir frappé sous le coup de la colère, le conservateur d'un musée qui trouvait son travail banal, Seishu Handa est envoyé par son père "au vert" quelques temps afin de reprendre ses esprits. Il découvrira alors une des îles Gotô (archipel proche de Kyûshû, assez méridional dans l'esprit) et peut-être le moyen de trouver son style en calligraphie... Si les gens du crus qui l'interrompent régulièrement lui laissent assez de temps.

D'un point de vue scénaristique nous sommes dans un choc des cultures  générateur de situations comiques et de bons sentiments : un citadin en manque de relations social découvrira la campagne et ses habitants, la nature et un certain sens de la vie.

Le dessin animé dresse ainsi le portrait d'une campagne japonaise idyllique où le lien social est toujours présent. 

Un dessin animé un peu idéaliste sans doute, mais qui fait du bien au moral et à la nostalgite aiguë. Et vraiment très drôle.

Du point de vue de la langue japonaise c'est un vrai plaisir d'entendre des parlers régionaux différents du hyojungo (ie japonais standard de Tokyo et enseigné à l'étranger), mais il faudra sans doute un certain niveau.

Barakamon, une série qui donne la pêche.....

mardi 7 avril 2015

Nostalgie nippone & cinéma

Lorsqu'il m'arrive un accès de nostalgie japonaise,  j'apprécie de revoir certains films qui entretiennent ce sentiment et me rappellent des souvenirs.
Le cahier des charges est le suivant : pas de films d'actions ou de SF/horreur. Un cinéma du quotidien, avec un peu de fantastique éventuellement. Le but est de provoquer ou entretenir la nostalgite aiguë (pour ceux qui ont visité ou vécu au Japon).
Le film doit susciter un petit côté saudade, blues, savamment entretenu et ne pas faire pleurer, ou si peu.
A ce titre, j'apprécie de revoir notamment les films suivants :
- Lost in translation ;
- Cha no aji - le goût du thé vert ;
- Café Lumière ;
- Still Walking ;
- L'été de Kikujiro...

J'aurais l'occasion de reparler de ces films là.
Et vous quels sont les vôtres ?

mardi 20 janvier 2015

Ergo Proxy, série animée de Shûko Murase (2006)


synopsis : Dans un futur post-apocalyptique, une créature difforme s’éveille d’un long sommeil et s’échappe du laboratoire secret de Romdo, une cité-dôme sombre qui abrite humains et AutoReivs (des robots) dans une harmonie apparemment parfaite. Un « paradis » isolé où les résidents sont invités à consommer et à jeter sans modération et où le crime n’existe pas, grâce au contrôle presque absolu des autorités. Étant la petite fille du régent de Romdo, Re-l Mayer n’en semble pas moins hostile à ce système. En tant qu’inspectrice des Renseignements, elle est chargée d’enquêter sur un mystérieux meurtre, perpétré par un AutoReiv infecté par le virus cogito. Elle est également l’agent de probation de Vincent Law, un jeune immigrant engagé au traitement des AutoReivs infectés. Entraînée dans une spirale événements hors du commun, elle va tout faire pour tenter de découvrir la vérité…

Réalisée par le studio Manglobe à qui l'on doit le fameux Samouraï Champloo, cette série animée en 23 épisodes comporte une tonalité dystopique et post-apocalyptique : 

Dans ce futur post-apocalyptique, la terre a été dévastée par certaines réactions en chaines issues de l'industrialisation à outrance de matières premières. Rendue inhabitable, les humains se sont retranchés dans dans des villes sous dômes, qui fleurent bien le meilleur des mondes de Huxley ou la cité et les astres de Clarke (dans une tonalité plus optimiste).

Ces citées états sont entretenues par des androïdes intelligents serviables, les autoReivs. Ils sont à la fois une force (pour leurs capacités à maintenir la technologie protectrice) et une faiblesse de cette humanité sous bulle (qui n'a pas pu s'adapter à son nouvel environnement)

Lil (Real) Meyer et Vincent Law, les deux protagonistes principaux de l'histoire, vivent dans la ville de Romdo. Elle est inspecteur et lui un immigrant d'un autre dôme, que l'on devine détruit. Quant un autoreiv, infecté par le virus cogito (qui rend autonome et donne son libre arbitre aux autoreivs), tue un humain, leur univers va basculer. A cela se rajoute la présence de proxy, êtres aux pouvoirs extraordinaires.

Après une mise en place d'un univers intriguant (avec une thématique supplémentaire évoquant ghost in the shell , sur la frontière entre l'intelligence artificielle et humaine), la série change de propos en abandonnant les bases établies pour dériver sur un questionnement assez brouillon de l'identité et de l'individu (sommes nous faits par des causes externes ou internes) au travers du voyage initiatique de Vincent Law et Lil Meyer pour retrouver le passé de ce premier. De nombreux "name dropping" font d'ailleurs référence à des philosophes.

Le rythme de l'histoire n'est sans doute pas assez bien maîtrisé et l'on peut noter quelques lenteurs au milieu de la série avant que des explications tombent sur la fin (sans que tout soit explicité). Le découpage d'un certain nombre d'épisodes est aussi bien confus et l'on abuse des flash backs, retour en arrière à l'intérieur d'épisodes.

Au final une série protéiforme, bourrée de bonnes idées, qui mérite un regard mais manque de maîtrise dans le  rythme et l'histoire.

Il en restera également quelques scènes percutantes (comme celle du quartier autonome, entretenu par les autoreivs, dans l'attente d'habitants qui n'existent pas... Cela m'a évoqué Bradbury également).

A noter une bande son très rock, avec Kiri par Monoral (groupe composé de deux métis japonais -marocain/américains) en ouverture et paranoid android de Radiohead.

mardi 13 janvier 2015

Souvenirs de Marnie par Isao Takahata




Synopsis : Très solitaire, et renfermée, Anna a perdu ses parents très jeune, et vit en ville avec ses parents adoptifs. Lorsque son asthme s’aggrave, sa mère adoptive l’envoie chez des parents, les Oiwa, qui vivent près de la mer dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Pour Anna, c’est le début d’un été d’aventures qui commence par sa découverte d’une grande demeure construite au cœur des marais, non loin du village. Même si elle semble avoir quelque chose de familier pour elle, La Maison des Marais, comme l’appellent les villageois, est inhabitée depuis bien longtemps. Et c’est là-bas qu’elle va faire la rencontre d’une étrange et mystérieuse fille : Marnie…

J'ai eu la chance d'assister dans le cadre du festival KINOTAYO (fin 2014) à la maison du Japon à  l'avant-première de Souvenirs de Marnie, réalisée par Hiromasa Yonebashi et sortie en salles nippones en juillet 2014. Pour la France, la sortie est prévue le 14 janvier 2015.

Il y avait certainement une part de tristesse en voyant ce superbe dessin animé, dans le fait que ce serait peut-être le dernier long métrage des studios Ghibli.
Après l'échec économique de La princesse Kaguya et le succès relatif - non suffisant - de Le vent se lève, le co-fondateur et producteur de Ghibli, Toshio Suzuki avait annoncé à la TV japonaise le 3 août 2014 une "pause" , le temps de réfléchir au futur. L'information avait été reprise dans le monde entier, entrainant la stupéfaction des fans. Il s'agit surtout des studios d'animation des longs métrages de Ghibli.

C'est le co-fondateur et producteur des studios, Toshio Suzuki, qui a annoncé à la télévision japonaise le 3 août 2014 que Ghibli ferait une "pause". Il s'agissait en fait des studios des longs métrages, dont la fermeture était également envisagée. Il faut dire que le coût de production des films, dessinés à la main, sont forcément élevés. Il faut donc de solides succès pour que la machine continue...
Et Ghibli s'appuie sur un Musée, et les produits dérivés de ses films aussi. Sans pour autant produire régulièrement des séries pour la TV, comme d'autres studios. Peut-être une reconversion est-elle en court car une série de Ghibli, Ronya fille de brigand, a normalement débuté sa diffusion en octobre 2014 à la TV japonaise.

Et quel résultat pour souvenirs de Marnie : chaque image est un régal de détails et d'évocation d'un Japon que je garde en mémoire et dans le coeur. Il y a une similitude avec le vent se lève dans cette précision....

Souvenirs de Marnie est une histoire adaptée du roman "When Marnie was there" de Joan G Robinson et transposée au Japon. Cette transposition a fait l'objet de critique d'amis japonais, estimant celle-ci non nécessaire. Mais elle ne m'a pas apparu artificielle. Elle permet même d'évoquer très légèrement la situation de personnes de multiples cultures...

Marnie est une jeune fille assez solitaire, avec un talent pour le dessin et dont une terrible crise d'asthme incite le docteur à inciter ses parents adoptifs à l'envoyer pour les vacances d'été à la campagne. Elle va y trouver un oncle et une tante en technicolore et une mystérieuse maison autour de laquelle elle va faire la rencontre de Marnie...

Dans l'expérience qu'elle va vivre, elle va trouver la force d'aller vers les autres et s'ouvrir à la communauté - thème très japonais s'il en est (l'ouverture à la communauté est du ressort individuel).

Tout en délicatesse, l'histoire avance par touche et le "pourquoi du comment" n'est pas imposé frontalement au spectateur. 


Vraiment un moment de pur bonheur. Un film à aller voir absolument.





Quelques liens relatifs à Ghibli :
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18635861.html
http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/animation-jeunesse/les-studios-ghibli-ne-produiront-plus-de-films-danimation-160915
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/08/05/le-studio-d-animation-japonais-ghibli-fait-une-pause_4466974_3246.html
http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2014/01/16/le-dessein-anime-de-miyazaki_4348993_1616923.html