lundi 24 mai 2021

Brève : Ongaku - notre rock d'Iwaisawa Kenji (2019)

 


Ongaku - notre rock d'Iwaisawa Kenji (2019 au JP... maintenant 2021 en FR): 

Synopsis : Une bande de lycéens marginaux menée par Kenji décide de créer un groupe de musique, sans savoir jouer. Le groupe Kobujutsu est né.

Avec un style simple, atypique et un montage habile, ce dessin animé est une déclaration d'amour au folk et au rock d'une certaine période du Japon (fin showa et début heisei - 80-90), où un lycéen assez taiseux et bagarreur, décide sur un coup de tête d'embarquer sa bande dans la création d'un groupe de rock. On rit beaucoup avec les dialogues en japonais (peut-être faut il une certaine connaissance de la langue nippone pour en avoir tout le sel), lesquels possèdent un sens de l'absurde. On sourit aux clins d'œil, dont celui à Abbey road. Un très bon moment à passer avec une œuvre où souffle un esprit de liberté.

lundi 19 avril 2021

Un siècle de banlieue japonaise de Cécile Asanuma Brice


 

Un siècle de banlieue japonaise. Au paroxysme de la société de consommation de Cécile Asanuma Brice  aux Editions Métis Press (2019)

Les raisons amenant à la lecture d'un ouvrage peuvent être nombreuses. Ici cette dernière est issue d'un désir de mieux connaître et comprendre la construction de la ville japonaise en tant que telle alors que j'étais en perte de repères lors de mes visites au Japon. C'est après la visite de Fukugawa, musée dédié à un quartier de Tokyo que la découverte à la librairie Junkudo d'un livre de Cécile Asanuma-Brice : "Au paroxysme de la société de consommation - UN SIECLE DE BANLIEUE JAPONAISE" m'a poussé à me pencher sur l'urbanisme japonais, sans pour autant être un spécialiste dans ce domaine.

L'ouvrage adopte la forme du mémoire d'une thèse et comporte ainsi de nombreux documents annexes utiles pour l'étudiant ou chercheur amateur (photos schémas, statistiques, plans, notes et références...). Il reste cependant très lisible pour les néophytes . 

Bien loin d'être aride et de ne parler que d'urbanisme, l'étude aborde dans un langage compréhensible  le phénomène des banlieues japonaises à travers le prisme de diverses thématiques et champs de connaissances transversaux.

L'ouvrage développe ainsi des sujets tel que la toponymie et l'utilisation de l'espace selon une perspective historique et une évolution sociétale, le politique (c'est-à-dire le gouvernement de la cité), l'économie, l'hygiénisme en matière urbaine etc...
 
Le sujet ne se limite pas à la banlieue, car pour en étudier  le développement, l'auteur effectue quelques parallèles et mises en relief entre la ville/capitale et la banlieue, entre le Japon et la France.

L'apparition des politiques de logement en banlieue fut accompagnée par le développement du transport ferroviaire, avec des sociétés proactives, le chemin de fer ayant été un moteur de structuration de l'habitat (les sociétés de transport se faisant elles mêmes promoteurs immobiliers en développant des quartiers autour des gares).

Les rapports sociaux dans les quartiers,  entre voisins et au sein de la famille (passant d'un habitat intergénérationnel à des foyers uniques) en seront modifiés.

Le développement d'un système de logements public sera d'abord issu de la nécessité de reloger des habitants ayant perdu leur logement suite à une catastrophe naturelle, avant que la politique de logement public devienne un système de planification urbaine et de logement de classe sociales diverses. 

Selon l'auteur, les politiques de logement urbain japonaises comporteront certaines déficiences à partir des années 80 et dysfonctionnements, tel la question du relogement des populations déplacées à partir de Fukushima.


A l'issue de cette petite présentation, quelques éléments saillants parmi d'autres :

... En matière de toponymie, Yamanote signifie l'amont, Edo, la porte de l'estuaire...

... L'organisation de l'espace dans la ville s'organisait autour de châteaux avec leurs fortifications, de temples répondant a des règles de géomancie chinoise...

... Un témoignage fascinant, détaille la vie sur l'île de Gunkanjima

... Des références à la "Democracity", nouveau modèle de ville, présenté lors de l'Exposition universelle de New York en 1939, pour la création de nébuleuse urbaine en périphérie des grandes villes. Les habitants de ces nouvelles formes urbaines sont appréhendés comme des consommateurs moyens.



dimanche 11 avril 2021

Le retour de Godzilla réalisé par Motoyoshi ODA en 1955

 




Blu-ray 2: deuxième film : "Le retour de Godzilla" (gojira no gyakushû : littéralement "la contre-attaque de Godzilla) réalisé par Motoyoshi ODA en 1955


Un an après le premier Godzilla, la Toho décide de sortir un deuxième film, lequel ne sera pas réalisé par Ishiro Honda mais par Motoyoshi Oda (unique incursion de celui-ci dans ce genre).

Formellement ce film reste assez beau pour l'époque avec la qualité des effets spéciaux apportée par le célèbre Eiji Tsuburaya et est noté comme étant la première œuvre à avoir mis en scène un "versus entre kaïjus", ici Godzilla et Anguirus.

A contrario du premier Godzilla de 1954, la décision est prise de ne pas montrer les mouvements des kaïjus au ralenti, ce qui apportait de la pesanteur pour accentuer l'impression de gigantisme. Cela donne un côté frénétique aux mouvements des monstres pendant leurs combats et en accentue la brutalité. 

La musique est également exceptionnellement confiée à un autre compositeur qu'Akira Ifukube, Masaru Satô, qui travaillera plus tard avec Akira Kurozawa. Son univers musical semble moins s'accorder avec ce film que le premier, mais notons une scène assez chouette dans un dancing.

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À l'issue de la mort du premier Godzilla, ce film à la tâche d'expliquer comment un nouveau Godzilla est apparu.

Bien démuni est alors le monde sans l'oxygene destroyer, arme terrible dont le secret de fabrication a disparu avec son créateur. Il ne reste plus qu'à lutter avec des moyens dérisoires pour tenter de détourner le courroux du monstre de la ville d'Osaka, pour une fois visée.

Prenant modèle sur le premier film, le retour de Godzilla alterne des aspects documentaires, mettant en scène de façon intimiste le côté micro de la vie de plusieurs personnages, et des visuels dantesques où apparaissent les monstres en question.

Cependant, à la différence d'un Honda pacifiste et observateur clinique des ravages que provoquent ces monstres de la nature sur la vie des gens, Motoyoshi Oda met en valeur le courage de personnages tel que les pilotes, le chef de la société de pèches, etc... Et le sacrifice de certains aviateurs, récipiendaire d'un "héroïsme romantique" passé, changeant quelque peu le message du premier film.

Les films de kaïjus se concluent souvent par un sacrifice nécessaire pour vaincre ou neutraliser la bête , et ici il en est de même : l'héroïsme sacrificiel des aviateurs laissant leur place à des "capitaines d'industries" participant d'une forme de résilience et reconstruction du Japon.

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Blu-ray tiré du coffret de l'éditeur américain "The Criterion Collection" : 
"Godzilla : The showa Era Films, 1954-197


Superbe coffret, design magnifique et petit soucis de points de colle pour fixer les blu-rays dans le coffret à l'ouverture (soupir). Mais cela n'affecte pas la lecture. Restauration magnifique et présence de bonus selon les disques.

lundi 22 juin 2020

Chroniques flash de visions anciennes : de mars à mai



Blend S (2017) : une série animée d'humour assez légère en temps de lock-down qui utilise des personnages aux caractères très stéréotypés pour s'en amuser :
le café "Stile" est géré par un italien beau gosse, mais passionné de mangas et idéalisant la société japonaise (stéréotype de l'otaku étranger), aidé en cuisine par un associal japonais (autre stéréotype) avec en serveuses "maids", la gameuse lycéene bien pourvue, l'étudiante de petite taille, la fille de grande famille japonaise traditionnelle naturelle et premier degré, etc...
Chacune ayant à "jouer" le rôle d'un stéréotype pour leur café (de la sadique à la petite soeur en passant par la "tsundere"). Certaines personnes peu familières du Japon pourraient trouver cela étrange, mais cela peut faire partie du service, comme une représentation théâtrale, un costume que l'on endosse. Une bonne partie de l'humour est servie par ce gouffre entre les personnages stéréotypés et leurs rôles endossés aussi stéréotypés, et le reste par les love interests que l'on peut trouver dans les relations qui se nouent.




My roommate is a cat (dôkyonin ha hiza, tokidoki atama no ue) : cette  série de mangas écrite par Minatsuki et dessinée par Asu Futatsuya a fait l'objet d'une première adaptation en 2019 par le studio Zéro-G .

Derrière quelques personnages archétypaux et le pathos inclus "dans le package standard", l’œuvre propose une histoire attachante où un jeune écrivain un peu misanthrope  va pouvoir effectuer son deuil et s'ouvrir à son entourage en développant une relation avec la chatte qu'il a recueilli. Le traitement de l'histoire apporte une certaine fraîcheur en mettant en parallèle le point de vue de l'humain et de l'amie à quatre pattes. 





Film d'animation Starship Troopers : Traitor of Mars. Dernière oeuvre dérivée de l'adaptation en film en 1997 de Paul Verhoeven, d'un livre de Robert Heinlein. Réalisé par Shinji Aramaki et sorti en 2017, cet animé consiste en un bon petit guilty pleasure : des space marines Vs des Aliens insectoïdes géants. La réalisation est assez nerveuse. Les personnages sont caricaturaux à souhait (et pour notre plaisir dans ce genre de films). C'est tout. Et c'est déjà pas mal.



mardi 5 mai 2020

Passions juvéniles réalisé par Ko NAKAHIRA (1956)



Passions juvénile aka Juvenile Jungle/crazy fruits aka kurutta kajitsu est un film réalisé par Kon Ichikawa en 1956 pour la Nikkatsu, sur un scénario de l'écrivain Ishihara Shintaro (lauréat du prix Akutagawa), frère de l'acteur IshiharaYujiro, premier rôle du film.



Contexte : Ce DVD (sans aucun sous-titre malheureusement), reçu d'un ami*, fait partie d’une série de films digitalisés en 2012 pour le centenaire de la nikkatsu : une présélection de 100 films aurait été établie, avant d'en garder 10, considérés comme les plus emblématiques.

Synopsis (wiki) : Deux frères sont en compétition pour gagner les faveurs amoureuses d'une jeune femme, durant un été au bord de mer passé à jouer, naviguer et boire...
Présenté hors compétition au festival de Cannes la même année, ce film reçu une très bonne réception de François Truffaut, lequel s'attardera sur son montage dans les cahiers du Cinéma. 

Juvenile Jungle est typique d'un genre de littérature et du cinéma populaire d'après-guerre nippon qui s'intéresse aux "Taiyôzoku » (littéralement les tribus du soleil), les premières générations qui n’ont pas connu la souffrance silencieuse et le sens du sacrifice des générations précédentes.

Le public japonais est donc intrigué par le profil de ces jeunes qui portent en eux une volonté d’émancipation, de rébellion et un hédonisme, poussant cette jeunesse à braver les conventions sociales, tout en refusant d'endosser la responsabilité d'une certaine moralité… Jusqu'à conduire au drame ?

Ce film met en avant tout un imaginaire occidental qui évoque les kodak colorama ou illustrations d'époques de la vie américaine : des plages, du jet ski ou des voiliers, le culte du corps avec un entrainement dans un jardin, des cocktails et boissons américaines, sans parler de la musique, des chemises hawaïennes, une fête foraine, des bagarres, des jeunes en maillots de bains ; bref une sorte de digest de la culture us' des fifties -notamment Tiki -, en opposition avec une image plus traditionnelle du Japon.

Le réalisateur met en valeur la sensualité des corps et une certaine sauvagerie de la jeunesse, sans doute surprenant pour l'époque, tandis que le jeu des regards révèle des émotions intenses qui frappent les protagonistes de ces passions juvéniles.

Ishihara Yujiro, jeune acteur magnétique et solaire (un peu comme un Alain Delon dans les premières scènes de Sous le soleil, de mémoire), incarne parfaitement cette tendance.   et Kitahara Mie, premier rôle féminin, répond avec justesse à la passion dont Eri, son personnage, est l'objet.

Alcools traditionnels de côté, les cocktails pour la jeunesse :


Les sports nautiques, nouveaux loisirs de la jeunesse :



Le début de...





 Le club américain...











En conclusion, passions juvéniles de Ko NAKAHIRA reste un excellent film qui mériterait un nouveau regard, ne serait-ce que pour avoir participé à l'émergence d'une nouvelle vague japonaise dans les années 50 ?


Informations anecdotiques : Kitahara Mie, après une carrière entre les années 1952 et 1960... se mariera avec Yujiro Ishihara.


Repérage : 
- film mentionné dans l'excellent dictionnaire du Cinéma Japonais en 101 réalisateurs - L'âge d'Or 1935- 1975 ;
- compositeur des musiques : Tooru Takemitsu (connu pour de nombreuses compositions de musiques de films entre autre, dont Ran d'Akira Kurosawa).

* le napoléon de Shitamachi se reconnaitra :-)

vendredi 17 avril 2020

Stray Cat : Female Boss réalisé par Yasuharu Hasebe (1970)



Synopsis : Ako, une jeune fille au comportement viril exacerbé pratiquant la motocyclette se lie avec une bande de jeunes marginales conduite par Mei, une demoiselle à la sentimentalité tourmentée formant un triangle amoureux avec un jeune voyou et un boxeur métis. Diverses circonstances amènent tous ces derniers à entrer en conflit avec un gang de petites frappes au service de Yakuzas.

Stray Cat : Female Boss (Aka nora neko rock : onna bancho) réalisé par Yasuharu Hasebe (1970) est peut-être la "réponse" des studios Nikkatsu à une vague de films sortis à l'époque ayant pour thème les gangs avec une originalité : le focus sur des femmes.




Au casting , nous retrouvons pour la "bikeuse solitaire", Ako, jouée par Wada Akiko, chanteuse au physique atypique, grande femme quelque peu androgyne, née dans une famille de Zainichi, résidents du Japon d'origine coréenne. Et en second rôle inoubliable  Mei, jouée par Meiko Kaji (alias "Miss Snow blood" ou "la femme scorpion).

Avec Stray Cat, le réalisateur nous emmène faire un tour de la réalité sociale japonaise du début de ces années 70 : la libération sexuelle, les clubs interlopes. Il effleure également la situation des halfs avec le personnage remarqué du boxeur.


Stray Cat: Female boss a tout du scénario pour les amateurs de films hard-boils effleurant le genre des films de "sexploitation" : des combats de filles sexy au couteau et aux rasoirs, des drogués, des yakuzas, des matchs de boxe truqués , des motos et courses poursuites, des morceaux de folksongs japonais...

Après c'est la caméra des années 70, comportant des scènes avec zoom de caméras, et une tendance, celle d'un dynamisme préféré à la lisibilité, notamment pour le découpage de certaines scènes d'actions.

Au final un film qui  se laisse agréablement regarder et plaira aux amateurs de genre.

dimanche 8 mars 2020

Film Susume ! Jaguars Tekizen Jôriku (1968)



The jaguar's (ザ  ジャガーズ), est un groupe japonais des années 1964 à 1971* de la mouvance des "group sounds", dont j'ai déjà parlé dans un autre microblogue (des groupes d'abord influencés par la pop britannique, dont les Beatles). Au sommet de leur gloire, les Jaguar's auront l'honneur d'avoir leur propre film, curiosité récupérée du Japon par un ami - et que je salue -, "Susume ! Jaguars Tekizen Jôriku" (traduction rapide : En avant ! Les Jagars au débarquement face à l'ennemi).

Croisement entre un film d'espionnage et une comédie potache nanardisante, cet ovni cinématographique a pour objet de mettre en valeur le groupe par une série de clips pops psychédéliques, des couleurs saturés, des jolies femmes en bikinis. Sinon ne cherchez pas vraiment de scénario.

Alors pour qui ? Pour les amateurs de la pop de l'époque, des group sounds...

Pour un aperçu, le trailer  d'époque :



A noter la présence de NAKAMURA Akiko (chanteuse, actrice) dans le film :




(ICI AUSSI)

*il connaîtra ensuite un revival entre 1981 et 2009