lundi 25 avril 2016

Souvenirs goutte à goutte - réalisé par Isaho Takahata (1991)

La nostalgie japonaise me prend chaque fois entre mars et juillet, et m'incite à voir ou revoir des films et séries (live ou d'animation) rentrant dans un cadre précis, avant de les chroniquer ensuite sur ce blogue : 

Des œuvres qui entretiennent ce sentiment de nostalgie et évoquent des souvenirs. Elles doivent susciter un petit côté saudade, blues, savamment entretenu et ne pas faire pleurer, ou si peu.


Elles entrent donc dans un genre assez réaliste : celui du cinéma du quotidien, avec un peu de fantastique éventuellement. 

 Cette  nostalgie m'a incité à revoir trois film du studio Ghibli, vus autrefois il y a 15 ans par l'intermédiaire de mon ancienne école de japonais :
- souvenirs goutte à goutte (omoide poroporo) réalisé par Isaho Takahata [1991] 
- Je peux entendre l'océan (umi ga kikoeru) [1993]
- Si tu tends l'oreille (mimi wo sumaseba) [1995]

Ces trois films ont pour point commun  et, dans une certaine mesure... la nostalgie.
Sans doute moins (re)connus que leurs illustres aînés, ils n'en restent pas moins de grands films.

Commençons par, Souvenirs goutte à goutte (omoide poroporo) réalisé par Isaho Takahata [1991] 

Synopsis (condensé de wikipédia) : 1982. Taeko Okajima, jeune employée de bureau à Tokyo,  décide de passer ses vacances à la campagne, dans la région rurale de Yamagata, pour travailler dans la ferme des parents de son beau-frère à la récolte du Carthame des teinturiers (benibana en japonais).

Tokyoïte élevée à la ville, elle rêve depuis l’enfance de la campagne, mais n’y a pas fréquemment séjourné. Pendant les préparatifs du voyage et le trajet en train, les souvenirs de son enfance, quand elle avait dix ans (en 1966), remontent peu à peu à la surface et confèrent sa structure particulière à l’histoire, alternant entre souvenirs (flashback) et moments de vie réelle.


Taeko est une jeune femme non mariée, qui préfère passer ses vacances à la campagne, en aidant aux champs la famille de son bon frère (lui parti à la Ville), plutôt qu'aller à l'étranger comme ses contemporaines.

Son "retour" à la campagne est alors est propice à l'évocation des souvenirs de son enfance : le film alterne ainsi des flashbacks vers une époque révolue des années 60 avec des retours à l'époque moderne (des années 80).

Magnifique film sur la nostalgie d'une enfance ou les valeurs de la ruralité japonaise, Omoide poroporo met en relief le sens que l'on accorde aux souvenirs et leur réinterprétation avec le regard d'un adulte. Parfois en leur redonnant une valeur certaine.

Bien que nostalgique, le film n'est pas passéiste, notamment avec le personnage du second fils, Toshio, jeune agriculteur qui se lance dans l'agriculture biologique et a un penchant pour Taeko.

A noter que sa voix est jouée par l'acteur Toshirō Yanagiba (les spécialistes le reconnaitront).

La place de la femme dans la société japonaise est aussi évoquée mais plus en filigrane et à travers les pressions sociales qu'elle subit pour se marier et les grandes interrogations sur son chemin futur.

La musique est en phase avec l'histoire et l'animation de l'époque, avec le soin apporté par les studios Ghibli, soutient la comparaison avec les productions actuelles.