vendredi 30 août 2019

Tokyo vice de Jake Adelstein (VO 2009 - VF 2017)



Ecrit par Jake Adelstein, premier étranger -semble - t -il - à avoir été journaliste en langue japonaise dans  un grand quotidien nippon (le Yomiuri Shimbun), Tokyo Vice est un livre témoignage à mi chemin entre le roman et l'enquête journalistique, plongeant son lecteur dans le crime japonais et notamment la prostitution.

Dans un style assez percutant, il décrit son parcours, de sa réussite au concours d'entrée du Yomiuri, et de la couverture de faits divers régionaux à une enquête au long cours qui le mettra, ainsi que sa famille et ses proches, sérieusement en danger.

Livre fascinant à plus d'un titre, son contenu renseignera le lecteur intéressé par le fonctionnement de la presse japonaise, ses rapports avec la police dans le traitement des affaires criminelles et avec les Yakuzas et leurs activités pendant les années 90.

Sans complaisance envers lui même, le journaliste n'aura pas non plus épargné le lecteur que je suis, nécessitant parfois de faire des pauses dans la lecture car sans possibilité de distanciation comme dans le cas d'une oeuvre fictionnelle : si les noms ont été changés, et les sources du journaliste protégées dans la mesure du possible, il s'agit de vraies personnes dont la vie a été évoquée.

Non fiction plus grande que la réalité, ce livre sera à conseiller aux gens intéressés par le Japon, l'envers des sociétés, et le côté percutant des romans noirs.

A noter les magnifiques couvertures du livre broché ou du poche des éditions Marchialy qui nous ont offert cette traduction de l'américain.

Pour Aller plus loin, le lecteur pourra aller jeter un coup d'oeil à Yakuza - la mafia japonaise De David CAPLAN et Alec DUBRO aux éditions Picquier.

Ou à deux autres ouvrages de Jake Adelstein : Le dernier des Yakuzas et un livre sur les bit-coins.

mardi 6 août 2019

Bleach la série anime



Encore une série animée de shônen Nekettsu (découverte sur le tard) dont j'ai laissé passer le temps de prendre des notes. Elle fait partie de ces séries fleuves, avec Fairy Tail, qui m'ont tenu en haleine assez longtemps pour avoir envie de les suivre au long court : Après les premières saisons sur Netflix (Shinigami remplaçant et Soul society), lesquelles constituent en quelque sorte un arc cohérent, direction sur la plateforme ADN pour découvrir la suite (jusqu'à la fin de la bataille de Karakura. Il existe encore un arc en anime et un ou deux en mangas, non adaptés à ce jour) .
Quelques éventuels légers spoilers seront glissés ici...

*****

Dans l'univers de Bleach, les shinigamis (anges de la mort) sont chargés de l'équilibre de l'univers et protègent les humains et âmes errantes des hollows, forme bestiale des âmes perdues, à l'appétit insatiable.

(Ceux qui auront vu l'exposition Enfers et fantômes d'Asie auront quelques clés pour comprendre l'influence de la spiritualité et mythologie asiatique sur cet univers).

Ils utilisent des Zanpakuto (armes spirituelles) pour combattre ces hollows et procéder à la cérémonie de purification qui permettra aux âmes errantes ou aux hollows de trouver leur chemin soit vers la Soul society (le paradis), soit - dans le cas où ils ont péchés - vers l'Enfer. Il existe aussi le Hueco Mundo, une sorte de purgatoire sauvage où résident les hollows, uniquement soumis par la loi du plus fort.

En 2001, dans la ville de Karakura, Ichigo Kurosaki est un lycéen de 15 ans qui arrive à voir et interagir avec les âmes des morts depuis qu'il est tout petit. Un soir il rencontre Rukia Kuchiki qui affronte un hollow venu dévorer les âmes de la famille Kurosaki. En mauvaise posture, elle transfère ses pouvoirs à Ichigo afin qu'il les sauve.

Commence alors un récit de shonen nekketsu inspiré de mythologie, spiritualité et philosophie politique asiatique.

Il est difficile pour une série au long cours de ne pas avoir au moins quelques faiblesses, et celle-ci en comportera quelques grosses comme :
- les arcs filaires assez nombreux (de plus en plus faibles), conçus pour faire attendre le spectateur, le temps que l'auteur du manga rattrape son retard ;
- et une structure de scénario répétitive sur le fond (même si pas in-intéressante) : une histoire présentant des antagonistes évidents puis une éventuelle résolution dans la confrontation (schéma classique du nekketsu), laquelle ne se déroulera pas comme prévue, l'auteur aimant ménager quelques surprises, induire le spectateur en erreur et dévoiler les vrais ennemis sur la fin.

Cette structure narrative de "l'arc Shinigami remplaçant et soul society" , dont la première qualité est une certaine innovation, se répète jusqu'à plus soif ensuite pour provoquer sur le long terme de la lassitude.

Malgré tout cela cette série aura tenu ses promesses avec son lot de surprises en petits détails scénaristiques, en scènes d'actions dynamiques, et graphismes originaux, notamment les écrans intermédiaires donnant le numéro de l'épisode (avec une recherche graphique de typo différente à chaque fois).

Là où Bleach tire sans doute son épingle du jeu est l'univers en toile de fond développé avec cette influence de la spiritualité asiatique et l'analyse en sous texte que l'on pourrait en faire, notamment sur le poids des péchés et le cycle de répétition dans lequel ceux ci nous enferment, sauf si les liens que nous tissons permettent de développer notre empathie et d'ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.