mardi 5 mai 2020

Passions juvéniles réalisé par Ko NAKAHIRA (1956)



Passions juvénile aka Juvenile Jungle/crazy fruits aka kurutta kajitsu est un film réalisé par Kon Ichikawa en 1956 pour la Nikkatsu, sur un scénario de l'écrivain Ishihara Shintaro (lauréat du prix Akutagawa), frère de l'acteur IshiharaYujiro, premier rôle du film.



Contexte : Ce DVD (sans aucun sous-titre malheureusement), reçu d'un ami*, fait partie d’une série de films digitalisés en 2012 pour le centenaire de la nikkatsu : une présélection de 100 films aurait été établie, avant d'en garder 10, considérés comme les plus emblématiques.

Synopsis (wiki) : Deux frères sont en compétition pour gagner les faveurs amoureuses d'une jeune femme, durant un été au bord de mer passé à jouer, naviguer et boire...
Présenté hors compétition au festival de Cannes la même année, ce film reçu une très bonne réception de François Truffaut, lequel s'attardera sur son montage dans les cahiers du Cinéma. 

Juvenile Jungle est typique d'un genre de littérature et du cinéma populaire d'après-guerre nippon qui s'intéresse aux "Taiyôzoku » (littéralement les tribus du soleil), les premières générations qui n’ont pas connu la souffrance silencieuse et le sens du sacrifice des générations précédentes.

Le public japonais est donc intrigué par le profil de ces jeunes qui portent en eux une volonté d’émancipation, de rébellion et un hédonisme, poussant cette jeunesse à braver les conventions sociales, tout en refusant d'endosser la responsabilité d'une certaine moralité… Jusqu'à conduire au drame ?

Ce film met en avant tout un imaginaire occidental qui évoque les kodak colorama ou illustrations d'époques de la vie américaine : des plages, du jet ski ou des voiliers, le culte du corps avec un entrainement dans un jardin, des cocktails et boissons américaines, sans parler de la musique, des chemises hawaïennes, une fête foraine, des bagarres, des jeunes en maillots de bains ; bref une sorte de digest de la culture us' des fifties -notamment Tiki -, en opposition avec une image plus traditionnelle du Japon.

Le réalisateur met en valeur la sensualité des corps et une certaine sauvagerie de la jeunesse, sans doute surprenant pour l'époque, tandis que le jeu des regards révèle des émotions intenses qui frappent les protagonistes de ces passions juvéniles.

Ishihara Yujiro, jeune acteur magnétique et solaire (un peu comme un Alain Delon dans les premières scènes de Sous le soleil, de mémoire), incarne parfaitement cette tendance.   et Kitahara Mie, premier rôle féminin, répond avec justesse à la passion dont Eri, son personnage, est l'objet.

Alcools traditionnels de côté, les cocktails pour la jeunesse :


Les sports nautiques, nouveaux loisirs de la jeunesse :



Le début de...





 Le club américain...











En conclusion, passions juvéniles de Ko NAKAHIRA reste un excellent film qui mériterait un nouveau regard, ne serait-ce que pour avoir participé à l'émergence d'une nouvelle vague japonaise dans les années 50 ?


Informations anecdotiques : Kitahara Mie, après une carrière entre les années 1952 et 1960... se mariera avec Yujiro Ishihara.


Repérage : 
- film mentionné dans l'excellent dictionnaire du Cinéma Japonais en 101 réalisateurs - L'âge d'Or 1935- 1975 ;
- compositeur des musiques : Tooru Takemitsu (connu pour de nombreuses compositions de musiques de films entre autre, dont Ran d'Akira Kurosawa).

* le napoléon de Shitamachi se reconnaitra :-)