King Kong contre godzilla, sort en 1962 dans les salles japonaises dans un contexte bien différent du premier opus (1954*)
: avec une croissance économique favorable (jimmu boom 56-57, iwato
boom 59-63), la reconstruction du Japon est achevée et le pays se
prépare à recevoir les jeux olympiques dans quelques années (1964).
Pendant
cette période, l'heure est à l'optimisme et la société japonaise autant
que son paysage urbain, va être profondément modifiée avec pèle mêle la
(re)découverte de la consommation et des médias, ce qui va influencer
Honda Ishirô, de nouveau aux commandes de la réalisation du troisième
opus de la franchise**.
A
l'occasion du premier film en couleur du kaiju, Godzilla affronte King
Kong, dont les droits d'utilisation ont été achetés par la Tōhō à la RKO
Pictures***.
Honda
continue de tracer ce qui fera l'ADN de la licence, avec une critique
sociale et ce mélange de points de vues micro et macro alternés ou la
difficile résistance humaine face à des forces qui dépassent
l'entendement.
A
cette époque, le Japon a pris de l'ampleur et les médias aussi. Ce qui
est important est d'être amusant, intéressant, original, pour avoir un
bon taux d'audience. Si l'audience suit, les sponsors suivront..
- Attention spoilers-
La première scène s'ouvre ainsi sur une émission scientifique sponsorisée par une société, "Pacific Pharmaceutics", dont le producteur déplore la baisse d'audimat (générant l'argent des réclames, fondement de la consommation).
Bien vite, le présentateur fait part de l'observation par un sous marin américain d'un phénomène étrange en Antarctique...
Une
autre scène dévoile un repas en famille... Le Japon est tout à son
bonheur retrouvé et son insouciance... Les gens sont désœuvrés et
l'effroi se regarde par la petite lucarne : ainsi la scène de transition
avec le tigre dans la TV est un régal.
Mais l'avidité va encore une fois faire courir le Japon (et le monde) à sa perte : cette course à l'audimat incite le sponsor à financer une expédition TV vers l'océan indien, pour du sensationnel, suite à la rumeur de l'existence d'un animal géant.
Mais l'avidité va encore une fois faire courir le Japon (et le monde) à sa perte : cette course à l'audimat incite le sponsor à financer une expédition TV vers l'océan indien, pour du sensationnel, suite à la rumeur de l'existence d'un animal géant.
Et bientôt va émerger l'idée de mettre en présence les deux monstres sacrés... sans envisager que tout puisse mal tourner...
Sur
un scénario plutôt intelligent dans son genre, le film conserve
esthétiquement une grande fraîcheur et la couleur met en valeur les
architectures extérieures ou intérieures des décors.
Godzilla
contre King Kong immerge aussi le spectateur nippon de l'époque dans un
exotisme qui n'est pas sans rappeler celui des îles hawaïennes ou
caribéennes des années 50 pour les américains, avec cette île tropicale
lointaine habitée par des sauvages vénérant un Dieu géant. Honda en
profite pour les faire danser sur une musique tribale avec des choeurs
-évoquant parfois un péplum - censée apaiser King Kong.
En
matière d'effets spéciaux, l'utilisation de dioramas, modèles réduits
et acteurs en costumes, sont bien employés et montrent le savoir faire
de la Toho pour l'époque.
Une
des caractéristiques intéressantes de ce film est qu'il représente
encore Godzilla comme une force négative -née de la folie nucléaire-,
avant que sa place évolue dans les films suivants. Alors moins populaire
au Japon que King Kong, censé représenter le règne animal, le kaiju
semble mis en échec : l'oeuvre s'achève ainsi sur une fin ambiguë, sans
"vainqueur".
Le jeu des acteurs en costume appuie cette ligne de conduite : King Kong est humanisé, hésitant quand à son action. Godzilla est plus froid, pas encore anthropomorphisé - comme dans le cas de Godzilla contre Hedora.
En
conclusion, j'ai adoré ce film pour son scénario**** et son
esthétique. Il plaira certainement aux amateurs des anciens films du
kaïju.
*
la comparaison entre les thématiques du premier et troisième opus
mettent vraiment en lumière l'évolution de la société en quelques
années. Ainsi du rôle des médias : vecteur vertueux d'information des
citoyens dans le premier opus à une omniprésence du divertissement dans
le troisième.
** Il en réalisera 8.
*** ce film restera d'ailleurs longtemps dans les annales comme un des plus gros succès en salles de la franchise.
**** En tout cas le scénario est plus consistant que celui de shingodzilla.
**** En tout cas le scénario est plus consistant que celui de shingodzilla.
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