J'ai eu la chance de voir ce film, prix du jury à Cannes, en avant-première dans le cadre de Rendez-vous avec le Japon
à la Pagode. Sa sortie en salles est programmé pour le 25 décembre. Une
période pas évidente pour un superbe film. J'espère que les
programmateurs lui laisseront le temps de trouver son public. En raison
de la réputation et de la présence du réalisateur, la salle fut
complètement remplie, et la soirée placée sous le signe des peoples avec
Audrey Pulvar (partie avant l'entretien avec Kore Eda Hirokazu), Lilian
Thuram et une autre personne que je n'ai pas reconnu...
Le réalisateur dira
quelques mots avant le début du film et plaisantera sur une actrice
avec qui il avait déjà déjeunez, sans se souvenir de son nom... "Ah oui,
Catherine Deneuve."... Un peu cabotin notre Kore Eda...
Synopsis : Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Tel père, tel fils
("soshite chichi ni naru" en japonais, ce qui signifie "et je deviens
père") est un film sensible, tout en nuance, ce que la bande annonce -
un peu trop explicite sans doute - ne reflète pas complètement. Sur le
thème de l'échange d'enfants à la naissance, entre des familles très
différentes, Kore Eda nous dessine une histoire* bien différente de "La
vie est un long fleuve tranquille" et portée sur les liens du cœur et du
sang.
Ici l'idée de
départ du réalisateur se base sur son questionnement personnel** : Kore
Eda s'interrogeait sur ce qui constituait le fait d'être père (il a une
fille), alors qu'il était très souvent absent du domicile en raison de
son travail. Et lorsque Masaharu Fukuyama (l'acteur de Galiléo)
lui fit part de son désir de travailler avec lui, Kore Eda lui demanda
quel genre de rôle il voulait jouer. Masaharu répondit alors : "je n'ai
jamais joué de père".
Le film est donc
traversé par cette forme de questionnement : est-ce le père qui fait le
fils ou le fils qui fait le père. Le personnage principal, joué par
Masaharu, est celui qui va le plus voir ses convictions bouleversées et
passer de la première proposition à la deuxième.
L'opposition entre
les deux familles est aussi fascinant ce qu'il montre deux "petites
fabriques des individus" bien différentes l'une de l'autre : dans un cas
un père absent, assez stricte, dans l'autre un père présent, un peu
copain, et plus souple. Mais le réalisateur ne prend pas parti pour
l'une ou l'autre de ces familles et montre que l'amour est bien présent
partout. Il est par contre très courageux de mettre en avant un message
pas forcément évident au Japon.
Les acteurs sont parfaits dans leurs rôle : Masaharu, mais aussi Lily Franky (photographe, auteur du roman autobiographique "La tour de Tokyo"), le deuxième père ou les mères et les enfants...
Au final, un film émouvant***, délicat à avoir et à revoir.
* fait divers au Japon : il y a bien eu des échanges d'enfants il y a des années.
** propos issus de l'entretien avec le réalisateur, après le film
*** j'ai été sensible à ce père absent, ce qui m'évoque mon propre passé, mais ceci est une autre histoire...
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