dimanche 27 septembre 2009

Les émissions japonaises de variété II


A la suite du premier article concernant les émissions japonaises de variété, penchons nous sur l'ethnocentrisme télévisuel, un aspect assez prégnant du petit écran nippon.

En effet, la télévision est un vecteur formidable de transmission des valeurs. Cet ethnocentrisme s'exprime par une forme de célébration spontanée de la japonéité - quelque soit le genre d'émission - ou par des programmes dont le thème est justement de mettre en valeur les qualités véhiculées par la culture nippone.

I- La célébration spontanée de la japonéité

C'est une tendance peu fréquente, mais régulière, qui peut apparaître à n'importe quel moment dans toute sorte d'émissions. Elle consiste à rappeler la spécificité japonaise et la chance d'être né ici.

Ainsi, le programme "mirai sôzôdô" 未来創造堂 a pour thème le "kodawari" (un critère d'exigence) des personnalités invitées, quelque soit le domaine : cela peut toucher à une passion, une nourriture, un élément concernant sa maison, etc...

Lors de l'une de ces émissions, le présentateur s'écria en mangeant un petit déjeunez à la japonaise pour lequel l'invité possédait un certain degré d'exigence "konna mono taberete nihonjin ni umarete yokatta" (En mangeant cela, on se dit quel bonheur d'être né japonais....). Si cette curieuse expression était là pour montrer le contentement de satisfaction devant la qualité de son repas, elle révèle une forme d'ethnocentrisme diffus de la télévision,  que l'on peut retrouver aux moments les plus inattendus.


II- des thèmes centrés sur la japonéité


L'ethnocentrisme est également un thème porteur pour les émissions de divertissement japonaises:

    未来創造堂 - mirai sôzôdô :

cette émission comporte elle même un interlude, lequel met en lumière un entrepreneur qui le premier a découvert une invention, un procédé nouveau, etc ... utilisé dans le monde ou un artisan qui a su adapter quelque chose au goût japonaise. Elle est sponsorisée par Honda.

    世界を変える100人の日本人!JAPAN☆ALL STARS  - sekai wo kaeru 100 nin no nihonjin! Japan ☆ All Stars :


Littéralement, "les japonais qui changent le monde! Le Japon ☆ toutes les stars". L'émission présente des portraits de japonais qui pour une raison ou une autre ont réussi quelque chose à l'étranger: cela peut-être une actrice japonaise dans une télésérie italienne, un entrepreneur aux Etats-Unis qui a popularisé la sauce teriyaki, chihune sugihara -  un "juste" japonais - .. Intéressante émission, elle reste toutefois un moyen d'idéaliser ceux qui réussissent à l'étranger, tout en sachant rester japonais.



    和風総本家 - wafu sô hon kei :

Littéralement, "le principal du style japonais". Cette émission, par ailleurs excellente,  a pour thème les traditions japonaises au travers de sa gastronomie, son artisanat, ses connaissances anciennes. Elle commence sur une présentation très esthétique de la préparation d'un wagashi (gâteau japonais) avec pour conclusion d'un des narrateurs "nippon tte ii na" (qu'est ce que c'est bien le Japon
!).

lundi 10 août 2009

Les émissions japonaises de variété I

A la suite de l'article "Petite analyse sur la TV japonaise", continuons d'explorer l'univers du petit écran nippon  au travers du traitement particulier que reçoivent les thèmes de la nourriture et du voyage.

I- La nourriture se goûte à la TV


Il n'est pas nécessaire de se trouver dans une émission gastronomique (comme avec les escapades de Jean luc petitrenaud, par exemple) pour savourer un bon petit plat. En effet, les émissions de divertissement (笑ってコラえて!waratte koraete!), de quiz (世界一受けたい授業 sekai ichi uketai jugyô),  documentaires (シルシルミシル - shirushiru mishiru) peuvent soudain présenter un plat en rapport avec l'un des sujets (une spécialité culinaire locale, un nouveau produit....).

Le geinojin (qu'il soit talento, acteur, chanteur...) se devra d'être expressif devant la caméra et de décrire le goût de ce qu'il mange afin d'en faire profiter les spectateurs. Le plat devra être bon - le bonheur gustatif est de rigueur. Derrière il y a souvent la nécessité de ne pas heurter des sensibilités régionales d'où proviennent les produits et peut-être des intérêts économiques, qui sait.

Mais parfois, la star du petit écran ne peut cacher son manque d'entrain devant le produit. Cela lui sera pardonné, surtout avec une bonne petite blague et/ou grimace.

La seule exception au bonheur obligatoire est quand la nourriture vient d'ailleurs: il semble que l'on ai enfin la possibilité d'exprimer le vrai fond de sa pensée - que l'on apprécie ou pas.

Quelques liens vidéos (ici et )

shirushirumishiru

II- Un grand intérêt pour le voyage, lequel permet la mise en scène du japonais.

Le voyage avec ses à côtés (dont la découverte des spécialités locales ou le séjour au quotidien) fait partie des thèmes les plus porteurs des émissions de divertissement.  Son importance sur le petit écran, comparativement bien plus grande qu'en France, nécessite de s'y attarder.

Le traitement du sujet par contre, diffère selon le lieu de l'émission: le voyage local sera l'occasion de développer une connaissance topographique diffuse  du territoire (les lieux célèbres, les spécialités et usages locaux...) et sans doute de soutenir le tourisme.

Le voyage international cultivera une forme de découverte de la différence, non au travers de la recherche de points communs (dans nos différences, voici ce qui nous rapproche),  mais d'un exotisme irréductible (voici ce qui nous distingue et révèle notre identité - cela rassure).

Le déplacement à l'étranger participe aussi du voyage initiatique, lequel permet de redécouvrir et mettre en exergue les vertus de sa japonéité.

Le programme présenté ci-dessous est révélateur de ce type de traitement.

世界ウルルン滞在記 sekai ururun taizai ki :

Cette émission, d'une grande longévité, s'est finalement arrêtée en 2008. Elle reposait sur le principe suivant: l'envoi d'une personne connue dans un pays étranger pour aller vivre pendant une semaine avec une famille locale et apprendre quelque chose (fabriquer un meuble avec un designer français, faire du chocolat avec un artisan belge, vivre avec une tribu africaine, etc..). Ce programme offrait ainsi l'occasion de découvrir de l'intérieur le quotidien de gens différents et leurs savoirs faire.

Avant la fin de la période, la vedette tentait de mettre en pratique ce qu'elle avait appris, souvent en l'adaptant à sa japonéité (par exemple, lors de l'émission où le geinojin avait appris à faire des confitures avec une confiturière française célèbre - il avait utilisé des umeboshi, prunes salées pour ses confitures). Enfin, pour remercier ses hôtes, elle leur préparait un repas japonais avec des ingrédients apportés de là-bas.





笑ってコラえて!- Waratte koraete :


Emission de divertissement, Waratte koraete, adopte dans le voyage un comportement délibéré plus subtile (rubrique le voyage fléchette - darts no tabi) : tout ce qui dépasse Tokyo est de l'exotisme dont la différence peut susciter l'étonnement et un rire bon enfant. Ainsi, les régions reculées du Japon sont mises au même plan que les pays étrangers: un journaliste et une caméra sont envoyées dans ces "contrées très lointaines" avec l'objectif d'interroger ses habitants "qu'est ce que vous faites, quelle est votre occupation, etc..." ou de les suivre dans leurs activités.



mercredi 8 juillet 2009

Mise en lumière : Lupin le troisième

Arsène Lupin - le gentleman cambrioleur - est un personnage de fiction inventé par l'écrivain Maurice Leblanc (1864-1941). Séducteur mais faillible, hésitant entre aristocratie et plèbe...

Lupin dit le 3e ("lupin san sei"), car petit fils d'Arsène Lupin, est une invention de l'auteur de mangas Kazuhiko Kato sous le pseudonyme de Monkey Punch. Ses aventures furent relatées pour la première fois dans la revue "Manga Action Weekly" entre 1967 et 1969 (94 numéros).

Le succès de la série permis ensuite le développement de ses aventures en animation (TV, AOV, cinéma), notamment dans trois séries télévisées :
- Série 1 de 1971 à 1972 (23 épisodes);
- série 2 de 1977 à 1980 (155 épisodes);
- série 3 de 1984 à 1985 (50 épisodes).

La deuxième série de Lupin le troisième fut partiellement diffusée en France à la télévision sous le titre "Edgard de la cambriole (sic)" ou "Edgard détective voleur (sic)", pour des raisons de droits d'auteur avec les descendants de Maurice Leblanc.

Cette diffusion tronquée (52 épisodes sur les 155 de la série n°2)  et son adaptation (les noms ridicules dont sont affublés certains personnages comme "goemon yakitori", le casting des voix et les expressions utilisées par les personnages) ne rendent pas justice à une excellent série, laquelle constitue un formidable hommage à l'oeuvre de Leblanc.

La première série est sans doute un peu plus proche du manga et un peu plus sérieuse, nostalgique. La seconde semble plus équilibrée. La 3e série est beaucoup moins réussie, avec un côté plus cartoon. Penchons nous un peu plus sur cet univers.
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Lupin le IIIe possède quelques points communs avec son "ancêtre": c'est un voleur qui ne s'en prend qu'aux riches (ou banques bien pourvues), possède une certaine classe et un bon cœur.

Il est par contre un peu moins séducteur que dragueur, et certainement moins doué qu'Arsène dans le domaine. L'univers de Lupin le IIIe possède en fait un soupçon de sensualité qui rajoute un peu de piquant et évite l'infantilisme de certaines séries.

Le héro échoue également dans certaines de ses entreprises de "dépossessions" d'autrui mais fait contre mauvaise fortune bon cœur.

D'autres éléments font un peu penser à James Bond ou Fantomas: il voyage à travers le monde et utilise moult déguisements ou gadgets pour arriver à ses fins tout en faisant face à ses divers ennemis.

L'ambiance qui se dégage de cet univers est servie par la musique extraordinaire d'ÔNO Yûji (son site officiel ici), aux influences jazzy, à (re) découvrir sur youtube.
"super hero":

 

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L'un des éléments de son succès est l'équilibre procuré dans la narration par les personnages récurrents de la série car Lupin n'est pas un héro solitaire (et cela offre la possibilité au spectateur de s'identifier à des personnages bien différents).

Jigen: le garde du corps et ami de toujours, est le tireur d'élite. Chapeau vissé sur le crâne et barbe mal taillée, assez laconique. Il apporte sans doute une couleur américaine de roman noir, assez bluesy.

Goemon: le samouraï japonais, ronin au sabre forgé dans un métal incassable (lequel peut découper toute sorte de métal). Dans la première série il constitue un adversaire (non un ennemi), mais sa position va évoluer à partir de la 2e série. Il constitue un contrepoint moral en réprouvant certaines manières de faire et représente la tradition japonaise. Ce qu'il apporte dans la série est une sorte de nostalgie du passé japonais, assez romanesque.

Fujiko: l'aventurière, voleuse professionnelle et souvent rivale de Lupin. Ses relations avec Lupin, qui l'idolâtre, sont un peu troubles. Une belle femme aux formes généreuses. Elle est passée maître dans l'art du déguisement. Elle apporte une touche féminine et une forme de sensualité, l'éros de  la série (la voix sensuelle est parfaite pour ce rôle).

Zenigata keibu (l'inspecteur Zenigata): "némézis" de Lupin, il lui colle systématiquement aux basques. Au début il travaille pour la police japonaise mais est ensuite affecté à interpol avec la mission exclusive de pourchasser lupin dans le monde entier. Infatigable dans sa traque du voleur, son courage et sa volonté inébranlable compensent son manque de subtilité. Habillé d'un pardessus fatigué. Sa fonction dans la série est de procurer un adversaire tenace mais sympathique de Lupin.

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L'image déformée que véhicule le manga japonais en France et ses déclinaisons animées est en partie due à une traduction ou adaptation laissant parfois désirer. Cet article est un occasion pour partager un coup de coeur sur une oeuvre bien plus intéressante que sa traduction partielle actuelle.

Lupin le troisième est ainsi une oeuvre qui mériterait d'être redécouverte par le biais de la traduction des mangas originaux de Monkey Punch et une nouvelle adaptation de ses déclinaisons animées (je pencherais plutôt sur un sous-titrage de qualité qu'un doublage qui nécessiterait de porter une grande attention aux voix des personnages), notamment la première (non encore traduite) et deuxième série TV. Ces traductions se devraient de respecter les noms originaux.

A noter "le Château de Cagliostro", film d'animation de Hayao Miyazaki sur Lupin III sei. Ce film a été diffusé il y a quelques années dans l'étrange festival et comporte trois versions doublées.

vendredi 1 mai 2009

Les ramens...

Un ramen, qu'est-ce que c'est?

Les ramens (prononcer "laamen") sont des nouilles de blé d'origine chinoise (début du 20e siècle) et consommées principalement sous forme de soupe dans un bouillon de viande le plus souvent ("soup") et  auquel est rajouté un assaisonnement ("aji") et des ingrédients divers ("gu").

# Le bouillon (soup) :

Le bouillon est souvent préparé à base de volaille (tori gara soup) ou de porc (tonkotsu soup). Il existe des versions au Japon au bouillon de poisson.

# l'assaisonnement du bouillon: le goût (aji) :

Il existe 3 goûts (aji) de base pour assaisonner le bouillon: shoyu (sauce soja),  miso (pate de soja fermentée), shio (sel).

# Les ingrédients du ramen (gu) :

Ensuite des ingrédients divers sont ajoutés au bouillon dont les plus courants sont les émincés de poireaux japonais (negi), des pouces de bambou marinées (menma), des germes de soja (moyashi), des tranches de porc marinées (chashu).

D'autres ingrédients peuvent être présents: des algues (wakame, nori), des œufs....

La composition des ingrédients donnera le type de ramens dégustés...
  • Shoyu ramen = bouillon + shoyu + ramen + divers ingrédients (chashu, menma, moyashi, negi)
  • Miso ramen = bouillon + miso + ramen + divers ingrédients (chashu, menma, moyashi, negi)
  • Shio  ramen = bouillon + shio + ramen + divers ingrédients (chashu, menma, moyashi, negi)
  • Sapporo ramen/miso butter ramen = bouillon + miso + ramen + divers ingrédients (menma, moyashi, negi) + du mais et une noix de beurre
  • Chashu ramen = bouillon + shoyu + ramen + divers ingrédients (menma, moyashi, negi), dont du chashu en grande quantité (6 tranches au lieu de 2)
  • Kimuchi ramen = bouillon + shio + ramen + kimuchi + divers ingrédients (chashu, menma, moyashi, negi)
Pour en savoir plus :

Cinéma : Le film "Tampopo"(1985) dans le cadre d'un restaurant de ramens, un chef d'oeuvre du très regretté Juzo Itami (1933-1997).

Le Musée des ramens au Japon :

Un musée très intéressant dont les liens ci-dessous montrent quelques photos:
- l'article sur wikipédia (GB);
- le site du Musée des ramens (JP mais existe des pages en GB).

Site internet : Page française du magazine Nipponia.

samedi 17 janvier 2009

Petite analyse sur la TV japonaise

 Le petit écran, capable du pire comme du meilleur, reste un miroir de nos sociétés qu'il est intéressant de mettre en lumière.

Aussi, qu'en est-il de la télévision japonaise? Au-delà du reflet déformant donné par nos médias français, penchons nous sur ses spécificités.

I- Une séparation entre chaines culturelles et chaines de divertissement

A l'instar de la France (F5 et Arte), le paysage audiovisuel japonais comporte une division entre un réseau de chaînes publiques orientées vers la culture et le savoir (les diverses déclinaisons de la NHK au Japon) et des chaînes commerciales (dont son grand représentant, Fuji TV).

Les chaînes publiques japonaise sont également financées par une redevance TV (explication de la NHK en français), laquelle semble être perçue avec une efficacité moindre qu'en France. Il ne semble pas rare de refuser de la payer (voir cette discussion).


II- la publicité: "le nerf de la guerre" des chaînes privées

Si les chaines publiques ne disposent pas de coupures publicitaires pendant leurs émissions (il faudrait vérifier si elles ne subsistent pas entre les différents programmes), les chaînes privées sont massivement envahies par les les entreprises qui financent ces programmes par le sponsoring ou la diffusion de spots publicitaires.

A- Des transitions réservées à l'annonce des sponsors

Si en France la publicité est précédée d'un écran intermédiaire, il n'en est rien au Japon: la rupture se fait sans transition et passe directement de l'émission à la plage de publicité.

Les seules "transitions" semblent être celles de présentation des sponsors de l'émission en question:
- une fois vers le milieux du programme (cette émission vous est présentée avec le soutien de [marque X] - koko made ha goran no sponsor no teikyo de okurishimasu [Marque X]);
- à la fin du programme (cette émission vous a été présentée avec le soutien de
[marque X] - kono bangumi ha goran no sponsor no teikyo de okurimashita [marque X]).
L'émission continue sa diffusion, mais le son est diminué avec la présentation par une voix des principaux sponsors (3,4) et l'affichage de la liste de la totalités des entreprises ayant parrainé ladite émission.

B- un accent mis sur la répétition

Une des caractéristiques intéressantes de la publicité japonaise est la répétition dans une même plage de pub du même spot ou de spots légèrement différents mais sur le même produits (l'un à la suite de l'autre ou en début et fin de plage).

Les sponsors sont d'ailleurs souvent présents dans la plage de publicité d'une émission qu'ils soutiennent (on peut penser à "inaka ni tomarou" et les camions Isuzu très présents dans la plage de pub... Isuzu étant l'un des sponsors du dit programme).

C- susciter l'attente et le désir

Avec ces nombreuses coupures il faut gérer l'attente et le désir du spectateur de voir la suite d'une émission, éviter qu'il ne décroche. La solution? Des courtes préview de ce qui l'attend après la coupure pub ou la coupure à un moment critique: l'apparition d'un invité, une explication attendue, etc... Ces scènes sont cachées d'une mosaïque ou d'un rond marqué du caractère "HI, hi(meru) - tenir secret"  (秘) à l'endroit stratégique...

D- des publicités sur l'alcool

L'industrie des boissons alcoolisées est un commerce sans doute trop important pour pouvoir se passer de ces annonceurs. Une mention, semble-t-il obligatoire,rappelle que l'alcool n'est consommable qu'à partir de 20 ans.

Par contre pas de publicité sur le tabac.

Un exemple de publicité pour le whisky Suntory avec l'actrice top modèle koyuki:



Tiens, cela me donne envie d'aller boire du Whisky...

III- Un paysage audiovisuel dominé par des émissions de divertissement et la présence des "talento"

Les émissions de divertissement sont fort nombreuses et connaissent une fortune diverse: les plus chanceuses pourront durer une bonne dizaine d'année, d'autres disparaîtrons au bout d'une saison.

Sans dresser un typologie exhaustive des thématiques de ces émissions, on relève en général: des jeux, des programmes quiz (apporter des connaissances sur des sujets plus ou moins triviaux: - les anciennes émissions trivia ou riyû aru taro), les voyages (l'ancienne émission ururun, hashire postman,etc...), la vie de japonais à l'étranger (nombreuses émissions: comment font-ils pour survivre hors du japon.), et le divertissement pur avec des comiques.

La particularité principale de ces émissions par rapport à la France est la présence de "talento", personnes de télévision, un peu touche à tout (un brin de comique, d'acteur ou de chanteur) qui fait office d'invité professionnel. Le talento possède un petit gimiq, une phrase à lui qui fait rire. Il est souvent venu à la télévision grâce à un sketch comique qu'il repasse en boucle. Sa longévité sera notamment fonction de sa personnalité plus que de ses réalisations.

Reprenons un extrait du texte de Xavier Guilbert de l'ancien site "karoshi reports" (n°67) pour mieux cerner le rôle du Talento:

Ils sont pourtant bien nombreux, les talento qui naviguent d'émission en talk-show, faisant parfois un petit détour par les écrans publicitaires. Au passage, ne vous laissez pas leurrer par cette appellation – le seul « talent » que l'on puisse leur reconnaître généralement, c'est d'être suffisamment télégéniques et drôles pour avoir le droit de revenir la semaine suivante. Pas vraiment acteurs (même s'il leur arrive de tourner dans un drama), rarement chanteurs (ce qui ne les empêche pas de pousser la chansonnette à l'occasion), parfois comiques ou piquants, ils font partie d'un petit monde doré, d'un Olympe où chacun rêve de se retrouver un jour. Certains sont là depuis une éternité et ne sont visiblement pas près de disparaître, alors que d'autres connaissent des carrières dignes d'une étoile filante.

Ces émissions sont produites dans un joyeux bordel:

Micro qui dépasse, reflet du caméraman, lequel pourra apparaître de nombreuses fois de façon fugitive à l'écran. L'approximation permet sans doute d'augmenter l'identification avec le talento, invité vedette qui pourrait... être nous. A ce propos reportez vous à l'article n°23 du karoshi reports, toujours d'actualité 10 ans après.

IV- Les téléséries locales ou "doramas", principales sources de fiction à la TV

La fiction locale à la TV japonaise  est bien plus présente qu'en France.

Bien qu'il existe des séries possédant une plus grande longévité (comme kita no kuni kara), les doramas sont en général caractérisés par un format de 9 à 12 épisodes par saison, chaque épisode durant 45-50 minutes en moyenne.

Si la série rencontre un petit succès, elle bénéficiera de 2 à 3 saisons supplémentaires (pas forcément consécutives), d'épisodes spéciaux (d'une durée plus longue), voir d'une consécration au cinéma (comme tokumei kakarichô, trick...).

Les doramas portent notamment sur la vie moderne, l'époque ancienne (jidaigeki), les histoire à suspense (policiers, romans noirs, etc...)...

Parmi les thèmes récurrents des doramas modernes , on peut noter: la vie scolaire (lycée, université), la vie en entreprise, les relations amoureuses, etc...


Il y a sans doute beaucoup à ajouter sur les caractéristiques de la TV japonaise (comme son rapport avec les pouvoirs en place ou son attitude face à la politique internationale, voir ici sur ce blog) .


Annexe:


La liste présentée ci-dessous comporte les principales chaînes à diffusion nationales de l'Archipel, toutes apparues (pour ce qui est de la diffusion TV) dans les années 50 (à comparer avec le nombre de chaînes françaises à cette époque). Elle ne prend pas en compte les chaînes à diffusion locale (tel que tokyo TV) ou web télé, etc.

* Fuji Television Network, dite "fuji TV" (フジテレビ) : Société créée en 1957 et premières diffusions en Mars 1959. Le siège se trouve à Odaiba. Fuji TV, chaîne à diffusion nationale, semble être le leader au Japon de la TV grand public et reste orientée dans les programmes de variété (67% des programmes sont des émissions de variété dans les plages horaires de "prime time" [19h-23h] selon une étude en septembre 2009 - sources site de la chaine).

* Asahi TV

* Tokyo Broadcasting System, ou "TBS": la radio est lancée en 1951 et les premières diffusions de la TV en avril 1955. Le siège se trouve à Akasaka.

* Nippon Television Network ou "nippon tv/NTV": Société créée en Octobre 1952 et premières diffusions en Août 1953. Le siège se trouve à shinbashi (Tokyo).

* Nihon Hôsô Kyôkai ou NHK:  la NHK est l'entreprise publique qui gère les télévisions et radios publiques japonaises. Les premières émissions de radio datent de 1925 et  les premières diffusions de TV en 1953. Elle comporte 5 chaînes de TV nationales et est diffusée à l'internationale (NHK world). 85% de la redevance assurerait son financement selon wikipédia.

5 chaînes:
NHK généraliste
NHK éducative
BS1 information & sport
BS 2 culture et divertissement
BS hi haute définition

PS: note cet article est basé sur ses impressions personnelles face à la TV japonaise et aux informations issues des sites des dites chaînes.