samedi 3 novembre 2018

La saveur des ramen (2018) réalisé par Eric Khoo



La saveur des Ramens (2018) est un film réalisé par Eric Khoo, singapourien, avec des acteurs de Singapour et du Japon.


Synopsis : Masato, jeune chef de Ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ?

Sur le papier, ce film avait tout pour me plaire car l'histoire qu'il dessine est aux confluences de ces choses de la vie qui ont une importance pour moi :  les échanges culturels, la cuisine comme un vecteur de culture, de transmission de valeurs et d'histoires familiales... Tout en évoquant une cuisine et un "sens de la table" du Sud-Est asiatique que j'apprécie particulièrement.

Toutefois, le film m'a un peu déçu au visionnage, sans que cela soit trop désagréable :

Du point de vue cinématographique j'ai trouvé la saveur des ramens un peu naïf et maladroit dans sa réalisation et direction des acteurs.

Concernant les japonais (lesquels me sont bien plus familiers que pour le reste de la distribution), ils sont en général d'excellents acteurs capables de transmettre les émotions adéquates pour le spectateur avec une bonne mise en scène.

Parfois certaines scènes même en émotions, sonnaient justes et d'autres pas. Certains dialogues m'évoquaient un film touristique publicitaire scénarisé avec des acteurs, comme la rencontre avec le guide du personnage principal.

L'aspect documentaire gastronomique était ainsi très présent, mettant effectivement en valeur les plats, la nourriture. Mais la caméra semblait passer ensuite aux scènes de l'histoire sans transitions, de façon assez perturbante, avec parfois trop de gros plans un peu étranges sur les visages des personnages, donnant l'impression que tout était filmé de la même façon.

L'histoire était aussi marquée par l'alternance de scènes du passé et du présent. Ces premières m'ont aussi perturbé et éloigné de l'histoire comme l'utilisation de décors extérieurs avec une simple surexposition, pour montrer le passé, par rapport aux mêmes scènes du temps présent. 

Quant aux scènes intérieures du temps passé, elles me semblaient trop artificielles (comme une reconstitution trop propre d'une époque). Difficile à expliquer.

Cependant, sur le papier, il y a un excellent scénario qui lie saveurs, culture, culture gastronomique et histoire familiale et passé historique de Singapour, que je ne connais point. Et, ne boudons pas notre plaisir en se remémorant quelques belles scènes qui subsistent.

Avec un tel sujet, hou hsiao hsien en aurait sans doute fait un film magnifique.

Je laisserais pourtant  la conclusion à deux mémés derrière moi dans le cinéma "c'est beau mais un peu cul-cul quand même" 😅

jeudi 27 septembre 2018

Ishiro Honda - humanisme monstre de Fabien Mauro



Grand amateur des premiers Godzilla, de l'époque Showa, j'ai découvert grâce à un ami l'existence d'un livre écrit par Fabien Mauro*,  (le seul actuellement en français sans doute) sur l'oeuvre cinématographique d'Ishiro Honda, réalisateur du tout premier film de mon kaïju préféré.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aborderais exceptionnellement l'aspect "objet" du livre, lequel me paraît important dans un tel ouvrage.
Edité par les Editions Rouge Profond dans la collection Raccords, Ishiro Honda - humanisme monstre, est un ouvrage en format"grand poche" qui au premier abord ne laisse pas une impression exceptionnelle.

Avec une photo de couverture qui manquera d'être signifiante pour le contenu de l'ouvrage, ni ne sera d'une grande lisibilité (et ne parlons pas de la police du titre ou de la maison d'édition**), le lecteur aura peut-être une hésitation avant de se procurer un exemplaire.

En matière d'usage compulsif, la tranche collée perd rapidement de sa solidité et les pages se détachent. Une autre déception est la petite taille des extraits visuels, toutefois nombreux.

Il m'est aussi arrivé de détecter des coquilles, ce qui me semble anormal pour un ouvrage culturel, à fortiori de référence***.

Au delà de ces quelques réserves quant à l'objet, il faut saluer l'initiative de Rouge Profond pour avoir édité sur un sujet aussi pointu : le travail d'Ishiro Honda, principalement au titre de la SF. En effet Si Fabien Mauro n'oublie pas de mention son activité hors œuvres de l'imaginaire, ce sera en grande partie pour relater ses collaborations avec Akira Kurosawa.

Sur le fond, l'auteur s'attache à démontrer la place centrale dans la SF japonaise d'Ishiro Honda - et non uniquement dans le domaine du kaïju eiga -, mais aussi ses qualités de documentariste, pour ensuite développer les thématiques transversales à sa filmographie.

Le lecteur y trouvera une somme de références pouvant le guider dans sa connaissance du réalisateur ainsi qu'une porte sur l'histoire des effets spéciaux nippons de l'époque, portés par Eiji Tsuburaya.

Ainsi, dans un premier temps ce dernier avait envisagé d'employer les techniques de stop-motion pour Godzilla, comme pour le King Kong de 1933, mais devant le budget et le temps nécessaire, le spécialiste des effets spéciaux se redirigera vers l'utilisation savamment orchestrée de maquettes (et certaines scènes - hors acteurs déguisés, passent très bien le passage du temps) et d'acteurs revêtant des costumes de kaïjus.

De façon incidente et parce que Ishiro Honda est indissociable du célèbre kaïju, ce livre dévoile ce qui a fait les godzilla de la première époque, dépassant de simples films de divertissements.

Ils étaient l'occasion pour le réalisateur de parler de sujets de société et de capter l'atmosphère de l'époque (post guerre, conséquences d'Hiroshima et de Nagasaki, pour le premier, évolutions sociétales, économiques, rapports entre les pays pour les suivants) tout en n'oubliant jamais dans son aspect documentaire de montrer les paysages, la terre, et de parler de l'humain dans son individualité - ce qui a été vraisemblablement oublié dans shin godzilla (godzilla resurgence), dernier avatar actuel moderne du kaïju.

L'ouvrage montre également le rôle prépondérant de la production dans la tendance à humaniser et positiver le rôle de ces kaïjus pour toucher un public plus enfantin, malgré la désapprobation d'Ishiro Honda. 

Celui-ci aura également été l'auteur de films de SF intéressants pour l'époque tel que The first gas man, avant de se libérer de ses obligations envers la Tôhô et de retravailler avec Akira Kurosawa à partir de Kagemusha.

Quant aux thématiques transversales de l'oeuvre, la place du Japon et la notion d'utopie, des femmes, l'existence des monstres en tant que miroirs de l'âme humaine sont autant de sujets abordés dans cet ouvrage au demeurant passionnant pour l'amateur de SF japonaise ancienne, de kaïjus eiga ou des curieux de son oeuvre. Alors un livre à conseiller ? Absolument.








* Journaliste semble-t-il, intervenant notamment pour l'écran fantastique.
** ex : le mot profond est illisible sur la photo de couverture
*** p36 : "kodayama yondeiru" (un écho appelle) => le terme correct en japonais est kodama.
p87 : "La créature stoppe son les dégâts (...)"

samedi 22 septembre 2018

Cet été-là, j'étais soldat... de Kaneko Tôta


En matière de haïkus japonais, Kaneko Tôta fut sans doute l'auteur contemporain le plus important, traversant le vingtième siècle, et ses diverses évolutions esthétiques nippones (1).

Au-delà de son activité de haïjin, il tira de son expérience de la guerre les fondements de sa volonté de résistance à l'iniquité et de son engagement en société : syndicaliste pendant sa vie professionnelle, il apporta notamment son soutien aux mouvements pacifistes et de lutte contre le nucléaire après l'accident de Fukushima.

Naturellement, il calligraphia le slogan de ralliement des mouvements de protestations actuels "Abe seiji wo yurusanai" :


(lors d'un voyage en septembre 2017 - Nakano, quartier de Tokyo)

Ce sont les événements de ces dernières années qui l'incitèrent à rédiger et publier ses mémoires en 2016, sans doute avec la motivation de transmettre par son expérience cet esprit de résistance face aux résurgences des démons de la société japonaise.

Le livre "Cet été-là j'étais soldat", traduit par Laurent Mabesoone (un de ses disciples) et publié par les éditions Pippa en 2018, est ainsi une porte ouverte sur la vie et l'oeuvre de cet auteur encore méconnu en France et pourtant essentiel.

Enrichie de cartes, photos, d'un glossaire et d'un index de noms et prénoms, l'édition est didactique autant que possible et présente quelques haïkus du maître en japonais en caractères imprimés (et non les difficilement lisibles calligraphies pour un apprenant du japonais lambda), puis romajis (pour la musicalité du texte) avant sa traduction. Ce qui est un point essentiel selon moi pour une bonne édition de haïkus.

J'éprouve cependant un léger regret avec le caractère partiel de cette biographie (j'aurais apprécié une édition complète).

Je conclurai cette brève chronique avec un extrait des 40 haïkus de ces dernières années : 

雪積めど放射能あり流離かな

Yuki tsumedo hôshanô ari ryûri kana

Sous la neige,
Toujours là, la radioactivité.
Exode.


(1) Personnellement, son livre de haïkus pour débutants "haiku nyûmon" (en japonais) m'accompagne depuis longtemps dans ma pratique de composition.

mercredi 5 septembre 2018

La révolution Meiji


Dans le cadre de "Japonismes 2018", une série d'événements officiels (ou non, mais associés) marquant le 160e anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises (et le 150e anniversaire du début de l'ère Meiji), diverses initiatives complémentaires semblent profiter de cette actualité pour présenter une programmation en relation avec le Japon (et la rétrospective sur le réalisateur Ozu Yasujiro n'y est peut être pas étrangère).

A cette occasion, le Magazine Histoire & Civilisations, collaboration - semble-t-il - entre Le Monde et le National Geographic, dédie quelques pages à la thématique "JAPON MODERNE - Tout commence à l'ère Meiji -" (n°42 - 2018).

Découvrant ce magazine, en même temps que les articles plus spécifiquement dédiés au Japon, je me permettrais de glisser quelques mots sur cette édition.

D'un aspect global attractif, la revue met en lumière des sujets variés avec beaucoup de matériel visuel : des reproductions de photographies d'époques, de tableaux d'estampes ou des photographies d'objets issus de collections de musées...

Les articles, en effectuant un vrai travail de synthèse sur ces points précis de l'histoire, permettent une première approche pour les non spécialistes.

Le défaut structural de ce genre d'édition de collaboration entre le National Geographic et Le Monde, est le mélange d'articles internationaux (du NG), moins adaptés à notre réalité locale, traduits en français et d'articles plus spécifiques pour notre pays (Sans doute initiés par le Monde ?). 

Je suppose que ces articles internationaux, proviennent des stocks des différentes versions du NG à travers le monde, comme le premier article de "JAPON MODERNE - Tout commence à l'ère Meiji -", d'un universitaire espagnol (la mention de la traduction en français est bien présente). 

Ainsi, dans le premier article, après première partie somme toute intéressante, nous nous retrouvons avec un passage dédié à un espagnol, Gonzalo Jiménez de la Espada, traducteur de Cerventès au Japon sous l'ère Meiji. Il aurait été préférable et plus intéressant d'avoir une présentation des liens France Japon au travers de français présents là-bas à cette époque.


Concernant plus spécifiquement ce numéro, le dossier consacré au Japon occupe la partie centrale du magazine (P30 à 57) et se décline en 3 articles :

- "Le Japon s'ouvre au Monde" de José PazO Espinozza, professeur à l'université autonome de Madrid ;

- "Le Japon se réinvente" entretien avec avec Michael Lucken, historien spécialiste du Japon et professeur à l'INALCO ;

- "Le Japonisme, une passion française" d'Emilie Formoso, journaliste.

En conclusion, cela reste une approche intéressante de cette ère charnière qui a préparé le Japon à l'époque moderne, en 3 articles consacrés sur le sujet. 


Il me reste à découvrir le numéro aussi consacré à Meiji du magazine "L'histoire", mais j'en reparlerais une autre fois.



A compléter avec le passionnant documentaire diffusé sur Arte "Tokyo Cataclysmes et renaissances" d'Olivier Julien (adapté de Shinji Iwata), composé d'archives rares, sur les mutations de Tokyo et de ses habitants au travers d'inserts de témoignages d'époques, d'évocations (parfois brèves mais sérieusement présentées) de problématiques portant sur l'économie, la société, l'urbanisme...

dimanche 26 août 2018

Retour sur les films d' Ozu Yasujiro

J'ai aimé avant de commencer à comprendre, ne serait ce qu'un peu, l'œuvre du cinéaste Ozu. Aussi, la lecture en cours de l'ouvrage de Hasumi Shigehiko sur Ozu (Editions Cahiers du Cinéma) et l'occasion de (re)voir certaines oeuvres grâce à une rétrospective concomitante aux cinémas le Louxor* (du 1er au 21 août 2018) et le Champo* , est une occasion de revenir sur cet engouement.





Plus qu'un "anti-cinéma", une "essence zen japonaise", un "théâtre de la banalité", Shigehiko tenta de briser certains stéréotype et de montrer qu'Ozu Yasujiro conçut progressivement sa propre grammaire du cinéma, c'est à dire l'utilisation d'un formalisme  personnel pour montrer des transitions sociétales, sans jugement, mais avec la nostalgie des temps anciens, le plus souvent la disparition de la famille traditionnelle japonaise. Ainsi il atteste de son éclatement, c'est à dire le passage d'une vie à trois générations sous le même toit à seulement deux, l'ouverture au mariage non arrangé (à l'initiative directe des enfants), la question du rôle du 3e âge dans la société, etc...

Dans ce formalisme nous pouvons relever : des objectifs fixes de 50 - "plus proches de l'oeil humain", des caméras près du sol - les fameux "plans tatamis", afin d'un d'être proche de la vie d'une famille dans les demeures japonaises de l'époque, des thématiques cinématographiques (les lieux pour hommes ou pour femmes, la nourriture, la place de la fenêtre et son ouverture... arrêtée par un mur dans un jardin - le regard ne porte pas souvent dans le lointain -, les sujets de conversation du quotidien et le message essentiel se transmettant d'une autre façon...)

Les hasards de la programmation et de mes occupations m'ont empêché au final de voir plus de trois films, ce que je regrette. Ainsi, j'espère profondément que Carlotta sortira des versions en blu Ray des 10 films de ces dernières restaurations.


Été précoce (麦秋, Bakushū - 1951) - NB :

Je n'avais encore jamais vu ce film là et sans doute un des plus anciens visionnés, à l'exception du goût du riz au thé vert ou du père.

L'épure que l'on retrouvera dans les derniers films est moins présente ; j'y ai trouvé presque plus d'humour, de jeux des enfants etc.... Et il y a plusieurs taquineries sur "la chose" dans 3 ou quatre dialogues, bien plus que dans les ozu que j'ai vu.

Centré sur la fille d'une famille, jouée par Setsuko Hara, qui prend la décision de se marier sans prendre conseil préalable auprès de ses parents.

Fleur d'équinoxe,  (彼岸花 Higanbana - 1958) - Couleurs :

Avec un humour plus discret, le film centre son propos sur Wataru Hirayama (joué par Shin Saburi), homme d'affaire saisi par ses contradictions : issu d'un monde traditionnel, c'est un homme reconnu, auprès de qui l'on vient prendre conseil, conseil qu'il donne en tentant de se montrer moderne. Mais il se retrouve tiraillé quand il apprend que sa fille a trouvé un homme avec qui elle veut se marier, sans le consulter.

Bonjour ( お早う - Ohayo - 1959) - Couleurs :

Point de fille à marier dans ce film là, mais la rébellion de deux enfants qui décident de ne plus dire un mot suite à une dispute avec leurs parents, lesquels parents reprochent à leurs enfants de parler pour ne rien dire quand ils font part du désir d'avoir une télévision. Conflit de génération, donc et reproche en retour des enfants à propos des adultes et de leurs habitudes à parler de la pluie et du beau temps etc, sans que ces mots aient un sens essentiel. Et une discussion centrale sur le sens du langage, l'utilisation des mots du quotidien dans la société...


A noter, en regardant plusieurs fois ces films notamment sur grand écran, je me mets à porter mon attention sur des détails ou choses étonnantes, dont :
- une petite surprise de trouver une illustration avec une silhouette de femmes nues dansantes dans Eté précoce (quand les jeunes filles vont prendre un café), ou de tableau de femme nue stylisée dans le bureau du chef d'entreprise d'Equinoxe d'Automne.
- j'ai toujours l'obsession, dans ces décors étudiés (à l'exception des scènes en extérieur, ozu aurait surtout filmé dans les studios de shochiku), de déchiffrer une affiche, un produit, de regarder quels objets ont été utilisés ou réutilisés dans les films suivants, etc... 

Ainsi, la seule marque de bière toujours évidente dans Été précoce, Équinoxe d'automne, Bonjour, se trouve Asahi. 

Dans bonjour, à un moment nous découvrons l'affiche d'un film français "les amants" (probablement de Louis Malle - 1958).




à l'occasion des restaurations en 2K* et 4K* (restauration inédite pour ces derniers) de ses 10 derniers films. En 2K pour les couleurs et 4K pour les noirs et blancs. La restauration semble être datée de 2012 (en générique de fin pour équinoxe d'automne en tout cas).

lundi 13 août 2018

Voyage avec Ozu, podcast

Où l'on apprend l'utilisation systématique d'un objectif fixe de 50 (il semblerait que cet objectif "déformerait" le moins, serait plus près de l'oeil humain), l'utilisation de la caméra au ras du tatami pour filmer au plus près la famille japonaise dans son intérieur traditionnel...


mercredi 1 août 2018

Mois de juillet : trois expositions sur l'Asie 3/3 : Le monde vu d'Asie - Au fil des cartes



Le monde vu d'Asie - Au fil des cartes :

Exposition consistante que celle-ci qui nous amène à adopter un autre point de vue que l'Occident pour regarder le Monde au travers de ses cartes mais pas uniquement, l'exposition s'autorisant quelques détours avec, des estampes japonaises représentant l'étranger par exemple.
Les objets exposés ne s'éloigneront ainsi pas du titre fondamental : la représentation du monde vu d'Asie.

Les cartes exposées seront d'abord là pour représenter un état allégorique du monde (avec la montage sacrée Meru au centre, par exemple), avant de devenir de plus en plus précises avec le développement des connaissances et techniques (échanges avec l'occident, etc...).

Elle se feront le témoin de l'histoire comme l'inclusion de Hokkaidô dans le Japon à partir du 19e siècle, mettant au centre l'Asie assez souvent.

Les cartes de villes ou de lieux seront aussi très intéressantes, comme cette carte du château d'Osaka que je regrette de ne pas avoir vu reproduite dans le catalogue de l'exposition car cette dernière est fascinante de par sa conception.

En effet, avec le château au centre, chaque bord de cette carte rectangulaire est identifiée par un point cardinal (un caractère correspondant au Nord, Sud, Ouest, Est), et les légendes orientées (par quart) vers chaque bord de carte. Ainsi la lecture de cette carte est adaptée quel que soit le chemin (Nord, Sud, Ouest, Est) par lequel on est arrivé.

Cette vision relativiste s'adaptant au lecteur de carte se retrouve dans le Japon moderne où des plans locaux affichés dans une ville ne seront pas forcément orientés systématiquement au Nord, mais selon la position du lecteur.

Aussi, il est dommage de ne pas avoir eu plus de contexte sur cette utilisation. Ni la présence de cette carte dans le catalogue de l'exposition.

La suite de l'exposition, sans pour autant abandonner les cartes en tant qu'objets de présentation, laissera une place à la vision de l'étranger à partir de l'Asie, notamment au travers de l'école de Yokohama, et ses représentations de lieux lointains... Bien proche des japonais... Il y a une forte similarité avec la démarche d'anticipation en SF : prendre ce que l'on sait pour base et extrapoler.


En conclusion une exposition passionnante à découvrir.


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Perspective Sinon-centrée




Plans des quartiers d'Edo








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Détail d'une carte ancienne, Hokkaidô n'est pas encore le Japon :



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Plan du château d'Osaka, orienté selon le lecteur :


Caractère de l'Est (東
les légendes à droite et un peu au dessus
 sont orientées pour le lecteur venant de l'Est
De même pour chaque côté


Caractère du Sud()


Caractère du Nord ()

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Au-delà des cartes : "l''ailleurs en images" - l'école de Yokohama (1860-1868)

Portraits d'hommes et de femmes de tous les pays  :




Le français, avec le verre de vin :-)




Une certaine analogie avec l'anticipation en sf, extrapoler à partir de ses connaissances pour représenter une réalité : 





Premier plan japonais de Paris :



lundi 30 juillet 2018

Mois de juillet : trois expositions sur l'Asie 2/3 : Terres de riz

Le mois de juillet aura été pour moi l'occasion de découvrir trois expositions consacrées à l'Asie (et donc en partie le Japon) :
- Enfers et fantômes d'Asie à la galerie Jardin du Musée du Quai Branly (du 10 avril au 15 juillet 2018) ;
- Terres de riz, exposition photographique au Musée Emile Guimet (du 06 juin au 08 octobre 2018);
 - Le Monde vu d'Asie - Au fil des cartes dans la salle du sous-sol du Musée Emile Guimet (du 16 mai au 10 septembre 2018). 



Terres de riz :

Sans doute plus discrète que Le Monde vu d'Asie, l'exposition "Terres de riz", présentée aux étages supérieurs du Musée, m'a rappelé que le Musée Guimet possède un fond photographique important et de grande qualité. Cette exposition, sur la thématique transversale de la culture du riz, met en lumière au travers de photographies sur la Chine et le Japon, les process de production, notamment de transformation de son environnement pour la culture, la consommation et l'utilisation des "produits dérivés" (les fameux tatamis japonais, le saké...).

Un pont est réalisé avec l'acquisition et la présentation de photos de Michael Kenna.

Le petit catalogue (10 € environ), complément indispensable à cette exposition, intéressera les personnes sensibles à cette thématique, le patrimoine photographiques et le contexte de la réalisation de ces photos.

lundi 23 juillet 2018

Mois de juillet : trois expositions sur l'Asie 1/3 : Enfers et fantômes d'Asie

Le mois de juillet aura été pour moi l'occasion de découvrir trois expositions consacrées à l'Asie (et donc en partie le Japon) :
- Enfers et fantômes d'Asie à la galerie Jardin du Musée du Quai Branly (du 10 avril au 15 juillet 2018) ;
- Le Monde vu d'Asie - Au fil des cartes dans la salle du sous-sol du Musée Emile Guimet (du 16 mai au 10 septembre 2018) ;
- Terres de riz, exposition photographique au Musée Emile Guimet (du 06 juin au 08 octobre 2018).



Enfers et fantômes d'Asie :

L'exposition Enfers et fantômes d'Asie a été ma première incursion dans ce fameux musée du Quai Branly : autant dire que je ne connais pas "l'adn" des expositions temporaires de ce musée : si ce type de présentation d'expositions est courante ou non, mais j'ai été assez déstabilisé par le parti pris, c'est à dire un mélange d’œuvres originales et d'époques, d’œuvres reproduites pour l'occasion, d'installations vidéos et sonores (extraits de films, silhouettes en mouvements, décors dignes d'attractions, un "hologramme").

Si fondamentalement cette approche est osée et pourrait en principe faire venir des publics qui n'en n'ont pas l'habitude, elle a eu pour effet de renforcer un effet de fouillis, de dispersion, provoqué par une absence de fil rouge maîtrisé, ou démarche pédagogique progressive :
- dans la présentation : de l'origine, la particularité de ces enfers à leurs liens avec les fantômes et autres monstres ;
- dans la mise en place sans transition entre différents pays et thématiques  ;
- dans le passage entre les divers matériaux hétérogènes qui constituent cette exposition (un exemple : la salle de jeux vidéos d'horreur, laquelle me semble vraiment hors-sujet ).

Ma connaissance (relative) de l'Asie, ou en tout cas du Japon, m'a permis de me faire une idée des lignes directrices de cette exposition et de trouver des textes clés dans les panneaux explicatifs, placés dans des endroits disparates de l'exposition.

Pour la petite anecdote, un ami qui ne connaît pas l'Asie et a vu l'exposition a trouvé cette dernière incompréhensible.

Mais si je devais synthétiser, simplifier ce que j'en ai compris (et je peux me tromper) : les enfers asiatiques sont influencés notamment par le bouddhisme ;  les âmes sont jugées par des bureaucrates dont l'image est influencée par l'administration ancienne chinoise ; les rites pourront produire des ancêtres, esprits tutélaires (non errants, liés par la terre et le sang) protégeant la famille, et selon le poids des péchés et des rites pratiqués par les vivants lors de l'enterrement, ces âmes pourront ensuite purger une forme de peine avant de renaître.

L'existence de monstres, de fantômes divers est issue d'êtres dont le décès a été provoqué de façon anormale, sans la possibilité d'observer les rites nécessaires pour leur passage dans l'au-delà (morts violentes diverses, accidents....). Ils se retrouvent alors coincés entre ce monde ci et celui-là, tant que les rites idoines ne seront pas pratiqués pour les apaiser.

Ainsi de nombreux "matériels" d'expositions sont présentés pour illustrer cela : extraits de films, affiches de films, mangas, reproductions de monstres, costumes intégraux d'exorcistes, masques Noh de créatures, estampes etc...

# Danseuse de Butôh :


# Installation infernale :




# Quelques éléments de la collection sur le versant cinéma :

Japon - Kaibyô :



théâtre d'ombre :




Affiches :


# Thaïlande :





Spectres et talismans ( Yam Ti Sou Phi) de Nam Mom


L'huile magique de la forêt (Nam Man Phray) de Komen Sakseni



# Chine :


Costumes et mannequins de vampires sauteurs - Un encart nous enseigne que le fameux Sammo Hung (acteur de "Sammo lo") acteur et producteur, aurait été à l'origine du genre kung-fu zombies à Hong Kong : des prêtres exorcistes en lutte contre des vampires sauteurs -
Sur le chemin, se trouve toujours la compassion du Bouddha pour alléger les péchés des hommes :



Au final, si je ne regrette pas d'être venu, mon impression fut mitigée : malgré un thème original, osé, et des matériaux d'expositions variés, j'aurais souhaité que cette exposition très pop soit plus synthétique, ramassée et ne s'attarde pas autant sur certains univers (contextes des pays et oeuvres de culture classique ou populaire), le côté fouillis donnant un peu l'impression d'une fête foraine ou d'un cirque ambulant avec son musée des curiosités. 

Un moyen aurait peut être été de présenter une première salle avec les axes de l'exposition et des codes couleurs pour le passage dans les divers univers...

A noter que les panneaux étaient parfois un peu hauts pour les personnes à besoins particuliers (vue en baisse ou PMR) et leur positions ou lisibilité laissait parfois à désirer. Mais c'est une question récurrente des expositions.

Complément : le Hors Série - Connaissance des Arts, est un document complémentaire et au final indispensable à qui voudrait obtenir des clés sur cette exposition.

Il met en lumière l'association de Julien Rousseau, conservateur des collections asiatiques du Quai Branly, concepteur de l'exposition, et de Julien de Mesnildot, spécialiste de cinéma, révélant un axe cinéma important (et malheureusement non inséré dans le titre de l'exposition), la figure moderne des fantômes d'Asie ayant été vivifiées par ledit cinéma.



samedi 23 juin 2018

Sword Art Online (SAO)


J'ai mis beaucoup de temps à rédiger une chronique pour cette oeuvre, mais le début du visionnage de log horizon, un anime qui débute sur le même thème - l'emprisonnement dans un univers de réalité virtuel -, m'a poussé à faire le point rapidement sur ce thème. 
A noter également Grimgar, magnifique animé avec le même point de départ.


 Sword Art Online (ou SAO) est une série de Light Novels écrite par Reki Kawahara depuis 2009 et ensuite adaptée en mangas et animés. C'est le versant animé dont je parlerais ici.

SAO se déroule dans notre monde, mais dans un futur proche où la réalité virtuelle est bien plus avancée  et permet une immersion totale dans un monde artificiel, notamment grâce au  NerveGear, un casque de réalité virtuelle qui intercepte toutes les sensations du cerveau.
Kirito, le personnage principal de la série, bêta testeur d'un jeu se déroulant dans l'Aincrad un monde virtuel d'heroic fantasy, se branche lors de la livraison de la version finale du jeu, pour découvrir avec tous les joueurs et par la bouche même du créateur du jeu que toute mort virtuelle sera effective (le casque de réalité virtuelle enverra un rayon micro ondes qui grillera le cerveau) et qu'il n'existe plus de bouton exit. Le seul moyen de s'en sortir est de gravir un à un les 99 niveaux du jeu. Le succès d'un seul joueur permettra la fin du jeu.

Le jeu devient alors une expérience sociale terrible où tout acte n'est plus sans conséquence et fait porter responsabilité et culpabilité sur leur auteur, et les motivations de Kayaba*, génial créateur du jeu, laissent songeur.

Malgré un fan service un peu trop présent ("gros plans" sur les formes des jeunes filles, etc...) et une romance, des éléments qui pourront rebuter ou fatiguer une partie des spectateurs, la série cache un univers de qualité dont il serait dommage de passer à côté.

En effet, bien loin d'une moralisation "sortez du jeu pour vivre de vraies expériences sociales", cette oeuvre prend le jeu vidéo (en réalité virtuelle avancée) comme ce qu'il est : un nouveau média de socialisation, symbolisant l'hyper-connectivité d'une société moderne avec ses qualités et ses défauts. SAO permet d'évoquer assez finement des thèmes variés tel que l'émergence d'IA dans les programmes (comme yuichan), la copie de personnalités numériques (le film SAO), l'utilisation du jeu comme valorisation de son égo (personnalité numérique vs IRL), l'ijime, le poids de la culpabilité d'événements dramatiques, etc..

Les plus gros défauts seront sans doute les problèmes de rythme : nous sentons parfois (et cet aspect est très prégnant dans le premier arc) des ellipses assez importantes dans l'histoire, alors que l'oeuvre aurait gagné à avancer progressivement. Je me demande ce qu'il en est il des lights novels d'origine (mais il semble que c'est également un format "contraint").

S1 : La première saison couvre 2 arcs : Airncraft (l'arc le plus fascinant au niveau du world building, selon moi, mais qui n'a sans doute pas assez été exploité, notamment ce fascinant personnage de Kayaba) ; Fairy dance (un arc faisant le lien entre le monde réel et virtuel, développant des personnages dont la famille de Kirito et d'Asuna)

SAO extra edition : épisode intercalaire entre la S1 et S2, composée d'une compilation mémorielle des meilleurs moments (donc d'un intérêt limité), mais qui ajoute quelques détails complémentaires pour comprendre l'histoire (les motivations de Kayaba, par exemple) et permet l'apparition de l'inspecteur chargé des crimes virtuels. 

A noter l'une des pires scènes de fan boyisme de la série, avec les filles en piscine pendant que Kirito se fait "cuisiner" par l'inspecteur (vous êtes prévenus... Inversement j'ai ri comme un malade).

Cette extra edtion rajoute une petite aventure virtuelle bien sympathique...

S2 : arcs phantom bullet (sorte de battle royale), calibur et rosario. Chaque arc possède son intérêt, notamment dans le fait que les joueurs apportent leurs fêlures dans le jeu.

Film d'animation : SAO the ordinal Scale : Il s'agit d'une histoire créée pour l'occasion qui s'inspire de la réalité augmentée à la pockemon GO sur smartphones. Plutôt bien senti, dynamique, ce film d'animation au cinéma sera sans doute surtout réservé aux fans.

A noter une saison III en production et une série live Netflix en projet.


* cet aspect sera esquissé mais peu évoqué dans les animés.

jeudi 15 mars 2018

Fairy Tail série animée



Shônen dans le genre nekketsu, Fairy tail est un manga de Hiro Mashima , adapté en série animée, laquelle est assez longue (au moins 6 saisons disponibles sur Netflix) mais elle aura réussi l'exploit de m'intéresser suffisamment pour ne pas décrocher sur le long terme, ce qui mérite d'être noté.

Contexte (wiki) : "Dans le royaume de Fiore, il existe parmi le commun des mortels des hommes et des femmes qui manipulent la magie : ils sont appelés mages. Pour mieux les contrôler, des guildes — endroits où les mages se réunissent et font des travaux afin de gagner des joyaux (monnaie de Fiore) — ont été créées et mises sous la responsabilité du conseil de la magie (par l’intermédiaire des maîtres de guildes).

Outre la nécessité de contrôler des mages, ce réseau a d’autres utilités. En effet, il permet de fournir un large choix de mages au client, et de nombreuses missions aux mages par le biais de petites annonces.

Parmi les nombreuses guildes, une d’entre elles fait particulièrement parler d’elle, que ce soit par les actes réalisés par ses membres, mais aussi et surtout pour les dégâts matériels provoqués par ces derniers à chaque mission qu’ils effectuent. Il s’agit de Fairy Tail."

L'histoire suit principalement certains personnages (Natsu, Lucy, Happy, Erza, Grey, etc...) dans le cadre de leurs missions et aventures.


Que dire de plus sinon tenter de présenter les quelques points saillants de cette série qui mérite un regard :

Une bande sonore de qualité, composée par Yasuharu Takanashi, et illustrant assez efficacement certaines scènes d'actions ou personnages, comme Erza theme...

Des différences avec des animes nekketsu classiques, comme Dragon Ball et Saint Seiya, qui dénotent un message positiviste :
- Ainsi, à contrario de St Seiya, le sacrifice pour ses amis n'est jamais mis en valeur. Au contraire il est toujours mis en avant que les épreuves se gagnent et se remportent pour ses amis, sa famille.
- Ainsi, à contrario de Dragon Ball Z, l'histoire n'est jamais totalement centrée sur un nombre très réduit de héros (les super saïans dans dragon Ball Z, les autres devenant par leur manque de pouvoir, un peu des faire-valoir) : l'auteur fait intervenir un nombre plus important de personnages avec chacun leur spécificité et importance dans l'intrigue, car l'importance reste la coopération. Les personnages secondaires, pour une partie, ne sont pas non plus oubliés et leur apparition reste enthousiasmante.

De plus, même si l'histoire est assez longue avec une décomposition en arcs,  la méta-histoire n'est jamais perdue en cours de route et la compréhension de l'univers s'approfondit progressivement pour le spectateur. 

De cette histoire, je retiens également de nombreuses originalités assez discrètes où l'auteur (les auteurs - s'il s'agit d'arcs inédits dédiés à la série animée -) nous emmène sur des chemins inattendus avec des thématiques parfois SF [spoilers] : comme avec l'arc Edolas où les héros se retrouvent dans un "monde parallèle" proche de son apocalypse, où la magie se tarit progressivement ; ou bien de l'arc de l'éclipse avec ses voyages dans le temps...



Alors pour qui ? Pour les amateurs de Nekketsu épiques qui ont su trouver leur voie avec quelques pointes d'originalité.

PS : attention, le fan service est bien présent dans ce genre de production, mais au bout d'un moment on n'y fait absolument plus attention. Ou bien on passe certaines scènes.