mardi 18 février 2020

Chroniques flashs de visions anciennes : décembre 2019 et janvier 2020

La vie est un flash, et certaines chroniques le sont aussi....


La fatigue (en raison de déménagements, grèves et autres joies de la vie) me pousse souvent à être un spectateur ou lecteur plus passif, à l'exception d'un recueil de nouvelles d'Akutagawa Ryunosuke (difficile à chroniquer par manque de recul, car lu en japonais).

Donc j'ai visionné une tonne d'animes d'Isekai, surtout, presque tous issus de lights novels japonaises, parfois pas très brillantes... Mais avant tout un mot sur un "thème" souvent fréquent dans certains de ces animes, c'est la figure de l'esclave (dorei) consentant, un phénomène que je ne goûte guère, mais au delà de cela :



Sorcerous Stabber Orphen (la fantasy non isekai) : Je n'ai pas pu dépasser le premier épisode. De la fantasy comme on n'en fait plus, rappelant les années 90, que cela soit au niveau des dialogues, de l'histoire d'exposition, des réactions des personnages et de leur nom, du graphisme de l'animation... Note : F.



How not to summon a Demon Lord : isekai avec un otaku gamer de MMORPG asocial qui se retrouve invoqué dans le monde de son jeu (avec des différences). Se prénommant lui même le roi des démons, il va devoir faire face au vrai roi des démons, dont une prophétie annonce le retour. Quelques touches d'humours dans cet univers où un otaku qui devient littéralement son idéal... Doit affronter les relations humaines... Et se retrouve à devoir endosser "son rôle". Malgré une idée originale pour le pitch, des longueurs et parfois de l'ennui. Encore un peu plus d'efforts et cela aurait été pas mal. Note : C+.



Demon Lord Retry : Le même que ... Mais en moins bien avec plus de longueurs (notamment les périodes de gestions, "farming" de ressources).  Ce qui est amusant, c'est l'apparence du héros dans le jeu (celle d'un yakuza des années 80-90). Note : C-.



Cautious Hero : La vraie surprise humoristique du lot, avec un titre à rallonge comme beaucoup d'animes issus de light novels : この勇者が俺TUEEEくせに慎重すぎる, Kono yūsha ga ore tsuē kuse ni shinchō sugiru?, litt. « Ce héros est surpuissant mais beaucoup trop prudent ».

Les dieux invoquent des héros venant de planètes de tout l'univers pour les envoyer lutter contre des démons qui menacent d'autres planètes. Les héros sont propulsés dans des univers de fantasy et ont la capacité de leveler comme dans un role playing game en ligne.

Les problèmes de Ristarte (et les rires des spectateurs), déesse débutante, commencent alors qu'elle invoque un japonais, Seiya Ryuuguin, comme héros alors qu'il est très capable mais incroyable prudent, paranoïaque même, pour accomplir cette quête. Note : B.



The rising of the shield Hero : Sans doute la meilleure découverte des isekai (malgré le bémol de ci-dessus), pour le choix fait par l'auteur de faire suivre un vrai chemin de croix au héros, Naofumi Iwatani, lui en faire baver, lui donner des choix ardus et une vie à la dure, le rendre aigri, soumis à un pouvoir compliqué, pour l'amener aux portes de ce qui forme et constitue un héros.

Naofumi Iwatani a été invoqué dans un monde parallèle avec trois autres personnes originaires de Japons parallèles pour devenir les héros de ce monde. Chacun des héros était équipé de son propre équipement légendaire lors de leur invocation. Naofumi a reçu le « Bouclier légendaire », le seul équipement défensif, tandis que les autres ont reçu des armes offensives.

Par manque de charisme, d'expérience de ce nouveau monde, il est victime d'une machination et trahi.

Chassé par tout le monde, du roi aux paysans, les pensées de Naofumi ne sont alors plus remplies que de vengeance et de haine. Ainsi commence son périple dans ce monde parallèle où il devra progresser seul…

Héros amer et sur le fil du rasoir par moment, il se fera quelques compagnons dont Raphtalia, qui sera pour Naofumi son épée tandis qu'il portera de le bouclier. Leurs relations évolueront en profondeur.

The Rising of the shield hero, c'est aussi une série sur l'histoire de la réhabilitation d'un héros, sur sa lutte contre son amertume et ses sentiments négatifs...

Note : B+, en attendant de voir comment évoluera l'univers.

HORS DES ISEKAI :



Goblin Slayer est un light novel, un manga et un anime de fantasy classique, inspiré des jeux de rôles (principalement en ligne) avec une proposition scénaristique intéressante. Le héros est un humain totalement obsédé par la destruction des goblins, traditionnellement du menu fretin, mais très dangereux lorsqu'ils sont présents en masse et mortels tant pour les aventuriers débutants que les villages sans défenses. 

J'ai commencé ma découverte de l'oeuvre par le manga qui réussit avec brio, avec le jeu du noir et blanc, du traitement de la lumière dans des milieux confinés, à reproduire la tension, le sentiment d'oppression et l'effroi que devraient ressentir ceux qui sont face à ces créatures qui pullulent dans les tunnels ou ailleurs.

L'apparence du héros suscite d'abord un sentiment d'étrangeté et de suspension de crédulité du lecteur en étant toujours engoncé dans son armure avec pour argument qu'il faut toujours se tenir prêt, même quand il vient en ville à la guilde des aventuriers chercher une quête en rapport avec les peaux vertes.

C'est que quelque part son obsession devient cette armure. Si bien qu'au cours de l'histoire, lorsqu'il viendra à visage découvert chercher une nouvelle armure pour remplacer l'ancienne, bien peu seront capable de le reconnaître,ainsi du lecteur qui ne verra pas son visage avant un de longs épisodes - moment où il laissera apparaître l'homme derrière son obsession.

L'anime est sans doute un cran en dessous du manga quant à la retranscription de ces combats, de la psychologie des personnages et des enjeux de l'histoire même s'il ne démérite pas un regard. 

Pour l'instant : Manga A ; Anime B+



dimanche 2 février 2020

Animé Holmes of Kyoto (2018)

Holmes of Kyoto
(京都寺町三条のホームズ, Kyōto Teramachi Sanjō no Hōmuzu)
Série animée de 12 épisodes (2018)
Adapté de Lights Novels de Mai Mochizuki

Holmes of Kyoto, inspirée par le célèbre détective Sherlock Holmes, sera une bonne surprise pour un amateur des detective Novels de Conan Doyle.

Pour certaines raisons Aoi Mashiro, jeune lycéenne, hésite à vendre des rouleaux d'estampes apparemment  antiques de son grand-père et rentre dans le magasin d'antiquités "Kura" à Kyoto pour les faire évaluer. Elle sera accueillie par un jeune commissaire priseur, Kiyotaka Yagashira , petit fils du propriétaire de ce magasin, lequel est connu dans ce quartier de Kyoto, autant pour ses compétences sur les antiquités que pour ses qualités dans l'analyse déductive chère au célèbre détective de 21 Baker Street.

Le talent de l'auteur du matériel originel Mai Mochizuki, est d'avoir su établir le déroulement de ses intrigues dans la ville de tradition nippone par excellence, et de les faire tourner (le plus souvent) autour de l'analyse d’œuvres et de leur sens, de la question de leur authenticité. 

Tout cela en prenant comme moteur la passion japonaise pour le kottôhin  (こっとうひん - 骨董品), traduction littérale pour antiquités. Le Japon a en effet un rapport particulier avec les choses anciennes, et - s'il fait moins cas de la conservation des immeubles (qui avec les tremblements de terre sont traditionnellement moins protégés), apporte un soin particulier aux objets (ie biens mobiliers corporels anciens) et à leur transmission.

Avec une légère digression supplémentaire, le Japon a développé ainsi une technique particulière de réparation de porcelaines ou céramiques le Kintsugi (金継ぎ).


Cette transmission suscite certaines passions comme une émission japonaise Kaiun ! nandemo  kantei dan (開運!なんでも鑑定団 -かいうん!なんでもかんていだん) qui fascine les téléspectateurs, et où des gens peuvent venir faire expertiser leurs objets de valeurs par des spécialistes reconnus, ou comme la dépense par certaines personnes de l'argent de leur retraite pour certains de ces objets (avec des ambitions de posséder du beau et de se constituer un patrimoine)... Qui peuvent se révéler être faux ou des reproductions (parfois anciennes) mais de moins bonne qualité que celle affirmée lors de la vente. Il y aurait en effet pas mal d'escroqueries autour.

Cette parenthèse mise de côté, l'oeuvre réussit à dépeindre un "Holmes" pétrit des bonnes manières de Kyoto, utilisant une méthode analytique des faits, interprétés par ses connaissances, mais se laissant parfois aller à une analyse psychologique d'antagonistes que ne renierait pas Hercule Poirot, peut-être.


Les intrigues présentées s'insèrent ainsi parfaitement dans l'ancienne capitale japonaise et ses traditions anciennes, amenant à concevoir cette ville comme un personnage à part entière. Dépassant le cadre des spécialistes d'objets anciens, l'auteur amènera, dans une forme d'hommage ou clin d'oeil, son héros à faire une incursion dans le detective novel le plus classique.


Bien touchante et délicate est aussi l'évolution de la relation entre les deux héros, pour finir par un "tsuki ga kirei yo" ("La lune est belle"... Pour ceux qui se demandent le sens que peuvent cacher ces paroles...Une petite recherche sur internet...)


Toute aussi passionnante sera l'opposition récurrente entre deux forts caractères, notre Holmes Kyotoïte et son Moriarty local, en la personne d'Enshô, ancien moine Bouddhiste et copiste de génie.