mardi 20 janvier 2015

Ergo Proxy, série animée de Shûko Murase (2006)


synopsis : Dans un futur post-apocalyptique, une créature difforme s’éveille d’un long sommeil et s’échappe du laboratoire secret de Romdo, une cité-dôme sombre qui abrite humains et AutoReivs (des robots) dans une harmonie apparemment parfaite. Un « paradis » isolé où les résidents sont invités à consommer et à jeter sans modération et où le crime n’existe pas, grâce au contrôle presque absolu des autorités. Étant la petite fille du régent de Romdo, Re-l Mayer n’en semble pas moins hostile à ce système. En tant qu’inspectrice des Renseignements, elle est chargée d’enquêter sur un mystérieux meurtre, perpétré par un AutoReiv infecté par le virus cogito. Elle est également l’agent de probation de Vincent Law, un jeune immigrant engagé au traitement des AutoReivs infectés. Entraînée dans une spirale événements hors du commun, elle va tout faire pour tenter de découvrir la vérité…

Réalisée par le studio Manglobe à qui l'on doit le fameux Samouraï Champloo, cette série animée en 23 épisodes comporte une tonalité dystopique et post-apocalyptique : 

Dans ce futur post-apocalyptique, la terre a été dévastée par certaines réactions en chaines issues de l'industrialisation à outrance de matières premières. Rendue inhabitable, les humains se sont retranchés dans dans des villes sous dômes, qui fleurent bien le meilleur des mondes de Huxley ou la cité et les astres de Clarke (dans une tonalité plus optimiste).

Ces citées états sont entretenues par des androïdes intelligents serviables, les autoReivs. Ils sont à la fois une force (pour leurs capacités à maintenir la technologie protectrice) et une faiblesse de cette humanité sous bulle (qui n'a pas pu s'adapter à son nouvel environnement)

Lil (Real) Meyer et Vincent Law, les deux protagonistes principaux de l'histoire, vivent dans la ville de Romdo. Elle est inspecteur et lui un immigrant d'un autre dôme, que l'on devine détruit. Quant un autoreiv, infecté par le virus cogito (qui rend autonome et donne son libre arbitre aux autoreivs), tue un humain, leur univers va basculer. A cela se rajoute la présence de proxy, êtres aux pouvoirs extraordinaires.

Après une mise en place d'un univers intriguant (avec une thématique supplémentaire évoquant ghost in the shell , sur la frontière entre l'intelligence artificielle et humaine), la série change de propos en abandonnant les bases établies pour dériver sur un questionnement assez brouillon de l'identité et de l'individu (sommes nous faits par des causes externes ou internes) au travers du voyage initiatique de Vincent Law et Lil Meyer pour retrouver le passé de ce premier. De nombreux "name dropping" font d'ailleurs référence à des philosophes.

Le rythme de l'histoire n'est sans doute pas assez bien maîtrisé et l'on peut noter quelques lenteurs au milieu de la série avant que des explications tombent sur la fin (sans que tout soit explicité). Le découpage d'un certain nombre d'épisodes est aussi bien confus et l'on abuse des flash backs, retour en arrière à l'intérieur d'épisodes.

Au final une série protéiforme, bourrée de bonnes idées, qui mérite un regard mais manque de maîtrise dans le  rythme et l'histoire.

Il en restera également quelques scènes percutantes (comme celle du quartier autonome, entretenu par les autoreivs, dans l'attente d'habitants qui n'existent pas... Cela m'a évoqué Bradbury également).

A noter une bande son très rock, avec Kiri par Monoral (groupe composé de deux métis japonais -marocain/américains) en ouverture et paranoid android de Radiohead.

mardi 13 janvier 2015

Souvenirs de Marnie par Isao Takahata




Synopsis : Très solitaire, et renfermée, Anna a perdu ses parents très jeune, et vit en ville avec ses parents adoptifs. Lorsque son asthme s’aggrave, sa mère adoptive l’envoie chez des parents, les Oiwa, qui vivent près de la mer dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Pour Anna, c’est le début d’un été d’aventures qui commence par sa découverte d’une grande demeure construite au cœur des marais, non loin du village. Même si elle semble avoir quelque chose de familier pour elle, La Maison des Marais, comme l’appellent les villageois, est inhabitée depuis bien longtemps. Et c’est là-bas qu’elle va faire la rencontre d’une étrange et mystérieuse fille : Marnie…

J'ai eu la chance d'assister dans le cadre du festival KINOTAYO (fin 2014) à la maison du Japon à  l'avant-première de Souvenirs de Marnie, réalisée par Hiromasa Yonebashi et sortie en salles nippones en juillet 2014. Pour la France, la sortie est prévue le 14 janvier 2015.

Il y avait certainement une part de tristesse en voyant ce superbe dessin animé, dans le fait que ce serait peut-être le dernier long métrage des studios Ghibli.
Après l'échec économique de La princesse Kaguya et le succès relatif - non suffisant - de Le vent se lève, le co-fondateur et producteur de Ghibli, Toshio Suzuki avait annoncé à la TV japonaise le 3 août 2014 une "pause" , le temps de réfléchir au futur. L'information avait été reprise dans le monde entier, entrainant la stupéfaction des fans. Il s'agit surtout des studios d'animation des longs métrages de Ghibli.

C'est le co-fondateur et producteur des studios, Toshio Suzuki, qui a annoncé à la télévision japonaise le 3 août 2014 que Ghibli ferait une "pause". Il s'agissait en fait des studios des longs métrages, dont la fermeture était également envisagée. Il faut dire que le coût de production des films, dessinés à la main, sont forcément élevés. Il faut donc de solides succès pour que la machine continue...
Et Ghibli s'appuie sur un Musée, et les produits dérivés de ses films aussi. Sans pour autant produire régulièrement des séries pour la TV, comme d'autres studios. Peut-être une reconversion est-elle en court car une série de Ghibli, Ronya fille de brigand, a normalement débuté sa diffusion en octobre 2014 à la TV japonaise.

Et quel résultat pour souvenirs de Marnie : chaque image est un régal de détails et d'évocation d'un Japon que je garde en mémoire et dans le coeur. Il y a une similitude avec le vent se lève dans cette précision....

Souvenirs de Marnie est une histoire adaptée du roman "When Marnie was there" de Joan G Robinson et transposée au Japon. Cette transposition a fait l'objet de critique d'amis japonais, estimant celle-ci non nécessaire. Mais elle ne m'a pas apparu artificielle. Elle permet même d'évoquer très légèrement la situation de personnes de multiples cultures...

Marnie est une jeune fille assez solitaire, avec un talent pour le dessin et dont une terrible crise d'asthme incite le docteur à inciter ses parents adoptifs à l'envoyer pour les vacances d'été à la campagne. Elle va y trouver un oncle et une tante en technicolore et une mystérieuse maison autour de laquelle elle va faire la rencontre de Marnie...

Dans l'expérience qu'elle va vivre, elle va trouver la force d'aller vers les autres et s'ouvrir à la communauté - thème très japonais s'il en est (l'ouverture à la communauté est du ressort individuel).

Tout en délicatesse, l'histoire avance par touche et le "pourquoi du comment" n'est pas imposé frontalement au spectateur. 


Vraiment un moment de pur bonheur. Un film à aller voir absolument.





Quelques liens relatifs à Ghibli :
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18635861.html
http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/animation-jeunesse/les-studios-ghibli-ne-produiront-plus-de-films-danimation-160915
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/08/05/le-studio-d-animation-japonais-ghibli-fait-une-pause_4466974_3246.html
http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2014/01/16/le-dessein-anime-de-miyazaki_4348993_1616923.html